I'm your boogie man that's what I am.
Pascal Laugier c’est le papa de Martyrs, film d’horreur français choc, un genre que l’on a hélas du mal à suivre en comparaison de la cadence effrénée que d’autres semblent s’être imposés (les espagnols notamment). Néanmoins il avait prouvé que la quantité n’importait peu, à l’opposé de la qualité, nous livrant un produit imprévisible, violent, riche en femmes fortes et de surcroit doté d’un final qui clouait l’assemblée.
Après nous avoir fait espérer qu’il soit aux commandes du remake d’Hellraiser, avant de lâcher le projet pour des raisons inconnues, le bonhomme a écrit dans son coin son nouveau scénario (ou plutôt achevé, 7 ans ayant été nécessaires à sa conception), proche de certains des codes de Martyrs. On retrouve une société secrète, des femmes toutes plus courageuses les unes que les autres, l’innocence blessée, et évidemment une certaine violence (cependant bien moindre que dans sa précédente bobine). Mais au-delà de tout ça le plus surprenant reste son choix pour son personnage principal féminin, Jessica Biel, spécialiste lorsqu’il s’agit de nous exposer son postérieur à l’étroit dans des jeans taille basse, mais déjà moins chevronnée lorsqu’elle doit nous prouver ses talents de comédienne. Et bien Jessica peut dire merci à Laugier, car non seulement elle sublime la bobine comme jamais on ne l’aurait cru, mais surtout elle la sauve, car ne nous leurrons pas, ce The Secret est un épisode longuet d’X-Files mélangé à Winter’s Bone. Une armée de ploucs dans un décor austère au fond des bois (tourné en Colombie Britannique, comme X-Files, sans oublier le fait que deux des acteurs principaux viennent de la série, William B. Davis et Stephen McHattie), des disparitions, un homme fantasmagorique qui enlève les enfants, rien de bien original en somme.
Laugier réussit néanmoins à nous servir quelques moments de mise en scène hautement maîtrisés, que ça soit la réanimation du bébé au travers d’une vitre translucide, ainsi que du plus musclé rappelant Martyrs avec une Jessica Biel poursuivant un fourgon afin d’en choper le conducteur et récupérer son marmot.
Malheureusement la seconde partie lasse de façon très puissante, Laugier ayant usé toutes ses cartouches, nous livrant le twist le plus long et le plus prévisible de l’histoire du cinéma. Il apporte néanmoins une once d’originalité au mythe du boogeyman, offrant une approche inédite, mais engluée dans cet ennui cette version sociale du mythe se révèle être un coup dans l’eau, bien loin du captivant dénouement de Martyrs.
Ni spécialement mauvais, ni spécialement bon, The Secret n’apporte rien de franchement mémorable au genre, en plus d’être pénible à suivre. S’il y a en revanche une chose que l’on ne pourra pas lui reprocher, c’est de mettre Jessica Biel sur un piédestal surprenant, de même que Samantha Ferris, Jodelle Ferland et Colleen Wheeler, et ça c’est probablement ce qui fera que la pellicule méritera d’être vue, ne serait-ce qu’une fois.