Attention Spoiler. Ne pas lire si vous n'avez pas vu le film.
Je préfère préciser, cette critique vient de quelqu'un qui n'a pas d'enfants...
Toutefois j'ai vu mon lot d'enfants malheureux, et d'enfants miséreux... et ils n'étaient pas toujours du même lot.
Des enfants sans jambes, ou atteint d'éléphantiasis rampant dans la terre, des choses qu'on ne voit pas dans des pays riches. Des choses qui, pour les gens n'ayant pas voyager, n'existe pas. Des orphelins dans la rue, des enfants drogués, sans avenir, que les parents forcent à mendier sous peine de se faire battre.

Ce film m'a remué et a fait ressortir peut-être tout ce qui a construit mon humanité dans mon enfance.
Car ce film se situe surement là. Ce sur quoi toute société dite "civilisée" cherche à se construire. De l'amour et de l'éducation.
Qu'est-ce que de bons parents ? Des parents qui aiment ? Des parents qui éduquent ?
Des parents pauvres peuvent aimer leurs enfants comme aucun parent riche ne le pourrait. Pas de lien de cause à effet ici. Le film semblerait pourtant jouer sur ce seul lien. Une ville sans avenir, dont la seule source de travail n'existe plus. Des foyers pauvres ne pouvant envoyer leurs enfants à l'école... car pas d'école non plus. Alors il ne reste plus que les liens du sang sur lesquels construire son humanité et sa raison de vivre. A ce stade, on découvre que les enlèvements sont l'acte de l'héroïne, qui peu à peu paraît comme monstrueuse. Oh la la, elle enlève les enfants, elle est vraiment très très méchante. Puis on apprend qu'elles les a tué, pour les libérer de leur souffrance... ok, une cinglée qu'il faut envoyer à la chaise électrique. Pourtant, cette fillette atteinte de mutisme ne semble pas voir en elle un monstre mais une femme capable de lui offrir son salut. Veut-elle mourir en rejoignant "the tall man" ? Une métaphore ?
Non... Puis finalement, la misère économique n'est qu'une emphase au mal-être des parents et de leurs enfants.
On découvre que cette fillette est dans un foyer malsain, même carrément horrible, où la mère jouit de se faire battre, devant sa fille...
Le mutisme de cette fillette est l'outil de ce film pour montrer que c'est à l'intérieur de l'enfant que l'aliénation s'opère. Elle ne peut plus parler, elle est enfermée. Elle cherche à respirer car son âme étouffe. Et l'héroïne peut lui apporter ce dont elle manque... ou pas.
Peut-on "remplacer" des parents qui sont cassés comme on remplace un jouet qui ne marche plus ? Ce film fait preuve d'une morale grise. L'enlèvement va-t-il dans le sens de l'enfant ? ou se fait-il dans l'apaisement de la conscience des ravisseurs qui ont le coeur qui saigne ? Ces questions se sont posées lors du procès des membres de l'association "l'arche de Zoé" au Tchad.
Cette fillette atteinte de mutisme au début, ne l'est plus par après. Est-elle pourtant heureuse se demande-t-elle, et elle se le demandera toujours, ce qui en soit, pour elle et pour nous, est une réponse.
Ce film met en garde... Quand des parents volent leur bonheur à leurs enfants, ils scarifient leurs âmes, leur vie devient survie. Les confier à un meilleur foyer ne fera pas tout disparaître, mais au moins, ils vivront...
Mais... qui décidera de tout ça ? Quelle crédibilité accorder à son jugement ? Doit-il écouter l'enfant quand il dit vouloir partir ? Ou doit-il l'enlever contre son grès même quand sa vie est en jeu et qu'il ne veut pas quitter ses parents, même si sans eux il aura "l'espoir" de "vivre mieux" ???
Ce film est troublant, donc très bon je suppose...
chameaucrapaud
7
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le 21 sept. 2012

Modifiée

le 21 sept. 2012

Critique lue 323 fois

chameaucrapaud

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