The servant, film culte de Joseph Losey parmi d'autres du même réalisateur, n'a rien perdu de son pouvoir vénéneux. Toujours aussi méchant et tordu, il préfigure les idées mises en images des années plus tard dans d'autres films célèbres autant que célébrés : de Parasite à Phantom thread, en passant par Whiplash. En l’occurrence, la dépendance affective et la relation toxique, poussées l'une et l'autre à l’extrême.

L'originalité du film tient surtout dans l'évolution de la relation, qui ne va pas crescendo comme on pourrait s'y attendre, mais évolue par à coups, au fil de renversements où chacune des parties prend successivement le dessus l'une sur l'autre.

Si les conventions sociales sont respectées dans la première partie, leur transgression progressive, d'abord cohérente et logique puis totalement chaotique à mesure que le film avance, rend bien compte de la déliquescence des personnages. La dernière demi-heure est un monument d'anarchie où les comportements deviennent clairement irrationnels.

Dirk Bogarde en fait très peu, mais ça rend un maximum dans le registre transgressif. Comme certains rupins aiment à dire, il est bien la preuve qu'il est difficile de trouver du personnel.


Felix-the-cat
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le 12 nov. 2024

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