The Sessions par pierreAfeu
En évitant tous les écueils du genre, The sessions oublie ce qu'il est, c'est à dire un film de cinéma. Le propos est délicat. On pourrait le qualifier d'original, mais le qualificatif ne convient pas vraiment. The sessions parle d'un sujet peu évoqué, tabou pour beaucoup, inconnu pour la plupart, la sexualité des handicapés et, dans le cas présent, l'intervention d'une thérapeute sexuelle.
Plutôt bien écrit malgré une voix-off quelquefois pesante, The sessions réussit à aborder les différentes problématiques posées avec ce qu'il faut de tact et de justesse. Il ne verse pas dans le sensationnalisme, ni dans le voyeurisme, pas davantage dans le déni. Souvent drôle (trop souvent peut-être), sans doute trop gentil (tout le monde comprend tout), il multiplie les vignettes qui font évoluer Mark, comme autant de cases d'un jeu de l'oie à taille humaine. Ainsi avançons-nous, étape par étape, et suivons-nous l'évolution du lien Mark-Cheryl jusqu'à la fin des séances.
Le film est agréable, assez touchant, pas idiot, mais ça s'arrête là. D'ailleurs, est-ce bien un film ? Très peu de cinéma dans The sessions, comme si Ben Lewin croyait si fort en son sujet, qu'il lui suffisait que le point soit bon et l'image correctement exposée pour que cela fonctionne. On enrage presque du manque d'imagination, et de l'absence totale de parti pris, qui dominent une mise en scène strictement technique. Il suffit d'imaginer ce que John Cameron Mitchell ou Gregg Araki auraient pu faire d'un tel sujet, pour mesurer la distance qui sépare un téléfilm d'un vrai film de cinéma.
Tout cela est évidemment très dommage, d'autant que les comédiens sont tous très bons, tout autant généreux que justes, John Hawkes et Helen Hunt en tête. Par sa réalisation atone, The sessions rate son but. Ce qui aurait dû être un film émouvant et puissant, ne réussit qu'à être sincère et intéressant.