Ancien espoir japonais du sprint, un sportif s'est laissé aller dans la débauche après les traumatisme de la Seconde Guerre Mondiale. Un jour, il va apercevoir dans un stade une jeune sprinteuse très douée et il va l'entrainer à la dure, avec une mentalité masculine, en vue des Jeux Olympiques de 1968, mais elle est si douée qu'une ambiguïté réside sur ses performances ; et si elle était un homme ?
Le film de Masumura traite d'un sujet très rarement traité dans le cinéma de l'époque, et encore plus dans au Japon, à savoir la transsexualité. Car la coureuse, jouée par Michiyo Yasuda, a ici des traits masculins, une musculature peu commune pour une femme, et le secret sur son sexe va être révélé assez tardivement. Même s'il faut passer par quelques cases misogynes, à savoir que l'entraineur joué par Ken Ogata (dans un de ses premiers rôles importants) ne fait pas dans la dentelle. Mais si le sujet n'est pas traité de manière directe, il peut aussi s'expliquer par des menstruations extrêmement tardives de la jeune femme, au point que les spécialistes eux-mêmes semblent indécis sur la question, à savoir si c'est un homme qui a effectué une transition de genre ou une femme qui a eu des dérèglements hormonaux. En tout cas, le film y répond avec beaucoup de justesse, et peu à peu, le récit s'éloigne de l'enjeu des Olympiades pour se concentrer sur la relation amour-haine entre Ken Ogata et Michiyo Yasuda, qui la fait travailler au point qu'elle vomisse ses tripes, mais toujours dans le but de se dépasser.
En tout cas, sur le sujet éventuel de la transsexualité, le film n'est pas moqueur pour un sou, voire même respectueux, car au fond, c'est la personne en elle-même qui compte. Et Masumura réalise un film très intéressant, porté non seulement par d'excellents acteurs, mais aussi une mise en scène au cordeau.