Celui qui rend silencieux?

Quel titre étrange...
Ce petit thriller sans prétention n'est pas réellement mauvais mais souffre malheureusement d'incohérences et de facilités scénaristiques flagrantes, qui gâchent légèrement le plaisir mais surtout l'intensité dramatique et la crédibilité de l'ensemble.
En effet, ce film est de ceux où les protagonistes n'ont pas réellement besoin d'enquêter pour trouver des preuves, il leur suffit d'aller quelque part en pleine nuit pour tomber sur des coupures de journaux explicatives ou sur des armes accablantes laissées bien en évidence.
Aussi, le personnage principal (aux faux airs de Viggo Mortensen) n'aura besoin que de six pauvres caméras pour couvrir l'ensemble de la réserve naturelle dont il a la garde, cette forêt faisant tout de même au bas mot près de 80 km²...
Ainsi, il surprendra constamment le "tueur-chasseur psychopathe" dès qu'il décidera de jeter un œil sur ses caméras (comme ça, entre deux siestes et une bouteille de whisky...), puis ne prendra jamais la décision d'appeler la police mais préférera lui donner la chasse avec son fusil en pleine nuit.
Il se fera d'ailleurs tirer dessus volontairement par la Shériff(e) Gustavson, cette dernière pensant protéger son frère alors qu'il s'agissait bel et bien du tueur psycho-socio-narcisopathe, et ne sera même pas inquiétée dans la mesure ou notre "héros" la couvrira en revenant sur sa déposition. On y croit à mort...
Pour le reste, l'intrigue n'est pas inintéressante et l'atmosphère générale est plutôt réussie, les évènements se déroulant dans une sorte de bled du style "ancienne ville minière" comme il en existe tant aux États-Unis, comprenant son lot de drogués, consanguins et locaux d'origine amérindienne.
Les personnages se révèlent cependant peu travaillés: le héros est alcoolique suite à la perte de sa fille, enlevée il y a 5 ans par le fameux psychopathe (qui refait ici surface, on ne saura jamais pourquoi...), la Shériff revient quant à elle dans son bled natal pour "s'occuper" de son frangin toxico et tête à claque, abandonnant sa prometteuse carrière promise à Chicago.
Entre les deux protagonistes principaux naviguent des caricatures inutiles, le seul intérêt du film résidant dans son intrigue et son atmosphère, le spectateur désirant tout de même savoir qui est cet homme étrange déguisé en ours qui libère des adolescentes en pleine forêt pour ensuite les pourchasser (c'est pas banal, il faut avoir de sacrés problèmes dans sa tête...).
Bref, une petite série B sans prétention qui se regarde tout de même malgré les nombreuses incohérences et facilités d'écriture, et qui a de plus le mérite de ne pas s'étirer en longueur et d'aller à l'essentiel. Peut-être trop cependant...