Des femmes de soldats se réunissent afin de fonder une chorale… Un sujet anecdotique peu excitant mais sauvés de la médiocrité par des actrices convaincantes et une émotion contagieuse.
On avait perdu de vue le réalisateur britannique Peter Cattaneo, à qui l’on doit The Full Monty, grand succès critique et public. Il revient 23 ans plus tard en appliquant une recette similaire. Les chômeurs sont remplacés par des épouses de militaires qui tentent de tuer le temps à la caserne, pendant que leurs maris sont engagés sur le front en Afghanistan. Elles vont se fédérer autour d’un projet de chorale. A la tête de cet ensemble vocal, on retrouve deux personnalités fortes et contrastées : la froide et rigoriste Kate (Kristin Scott Thomas) collabore avec l’effrontée et chaotique Lisa (Sharon Horgan). Ce duo improbable va faire résonner la voix de ces anonymes jusque dans le Royal Albert Hall, la plus prestigieuse salle de concert de Londres. Seront-elles à la hauteur ?
Ces chorales de femmes de soldats sont un véritable phénomène en Grande-Bretagne depuis que l’armée s’est engagée sur divers fronts dès 2003. Avant de devenir l’inspiration de ce film, elles ont été le sujet d’une série documentaire, The Choir, qui a fait un carton sur la BBC. En adaptant ce phénomène sur grand écran, Peter Cattaneo se montre bien sage et ne retrouve ni la fraicheur, ni l’audace de The Full Monty. The Singing Club coche toutes les cases du Feel Good Movie : amitiés improbables, alternance de larmes et de rires, personnages unidimensionnels, accomplissement extraordinaire par des femmes ordinaires, le tout emballé dans une bande-originale aux tubes connus. Malgré cet aspect programmatique, le film fonctionne grâce au savoir-faire du metteur en scène et de ses actrices. Le charisme de Kristin Scott Thomas nous fait oublier qu’elle a déjà interprété ce genre de rôles de nombreuses fois et son duel face à Sharon Horgan a beau être aussi prévisible que l’issue d’un sillon de 33 tours, la musique parvient à nous arracher quelques belles émotions. Tout cela reste très superficiel : n’allez pas chercher une réflexion sur l’engagement de ces soldats, déracinés à des dizaines de milliers de kilomètre de leurs proches. Néanmoins, cette comédie douce-amère a la délicatesse d’éviter le piège d’un patriotisme déplacé dans lequel se seraient jetés de nombreux réalisateurs américains. Cela permet ainsi au spectateur de passer un moment certes pas désagréable, mais qui sera très vite oublié.