De la beauté des corps

On serre les dents, on serre le ventre, on a le mal de mer, le nouveau Larry Clark est une bombe instantanée. Une grenade de jeunesse et de soulèvement. La trash, la poubelle culture et l'esprit punk et no future se souviendront de ce film de fiction. Lukas Ionesco est un Lucifer sur Terre, et il a quelque chose de sacré, malgré son corps souillé de toutes parts, quelque chose qui vient de Botticelli et du néo-platonisme poétique, on imagine volontiers une peinture florentine nommé "La chute d'Apollon" avec l'acteur blond en modèle. Le personnage de Tom incarne, lui, la figure de l'oeil universel; avec sa caméra il voit tout, mais ce rapport entre les adolescents et les êtres divins se trouve dans chacun d'entre eux. Le public et la presse parlent d'obscénité, de cliché, de surdose de musique et de chair, mais justement, la caméra de Larry Clark se pose là où on ne veut pas qu'elle aille, et c'est ça qui est choquant et pourtant qui nous enrichit : combien de fois nous a-t-on dit que c'est la différence et la confrontation avec les autres qui nous élève ? Larry Clark pose des questions métaphysiques sur l'âme, le corps, de leur union, et de l'union des âmes entre elles. On connaît le thème du skate dans son cinéma, car c'est un monde rêvé où l'amitié prime et où la souffrance n'est que détail. La musique parle tant dans ce film, plus que les acteurs, et c'est aussi ça qu'on lui reproche, mais comment parler de cet esprit si dévastateur d'une jeunesse mieux qu'en musique ?