J'aimais déjà beaucoup sa délicatesse, à ce Spike Jonze. À sa manière d'aborder à la fois les souvenirs et l'avenir, comme un mélange doux amer de peur et de joie. "Where The Wild Things Are" était déjà très fort, émotionellement, et a pour toujours incrusté des clichés comme ceux des plans pris dans le désert dans mon esprit. Cette imagerie très "American Forester Hipster" qui aborda les thèmes de l'innocence, l'enfance, la fuite et l'amitié dans "Max et les Maximonstres", par ses tons de couleurs, a été retrouvé dans de nombreux photographes "Tumblr" comme Kyle Thompson, tandis qu'en musique avec un néo-folk indie avec Band of Horses, The Tallest Man On Earth... Ici, on quitte les arbres le sable et l'eau pour se retrouver dans l'urbain total : Los Angeles, Shangaï. Il est question ici de modernité, de progrès, comme Victor Hugo le remettait en question avec force à son époque, Spike Jonze lui, sans s'opposer officiellement aux nouvelles technologies, remet en question toute cette course aux réseaux sociaux et à la robotique lancée depuis 2000 (peut-être même avant ?), et qui ne cesse de filer. Le réalisateur et ses fins cadrages, teintés de couleurs rosées, rouges, jaunes ensoleillées, éclairées par la lune et les paneaux publicitaires Chinois ou Californiens, nous montre ici un amour si moderne qu'il en est effrayent. Par la prestation brillante de Joaquin Phoenix, l'oeuvre dévoile, derrière sa modestie simple, une telle force émotionelle qu'on en est retourné. Spectateur des chiffres fous et de l'overdose d'informations que nous subissons chaque jours, ce film est si contemporain qu'on le dit futuriste, alors qu'il ne l'est pas, il ne propose qu'un regard. Les halos de lumières réfléchissent une espèce humaine dépassée par ses innovations, et remet en question ce qui fait de nous des Hommes : l'Amour. Un film qui observe, attentif, témoigne, nous questionne et nous émeut.