Quand l'idée de faire un film sur la « naissance de Facebook » a été émise, j'ai vite pris peur. Entre ce genre de projet ridicule sur le papier et autres adaptations idiotes type « Bataille Navale » ou « Monopoly », on pouvait bien se demander ce qui se passait dans la tête des producteurs (on se le demande toujours d'ailleurs, la Bataille Navale étant en cours de tournage). Après tout, pourquoi pas un film sur n'importe quel autre outil informatique ? A quand une saga sur les fondateurs de Youtube ? L'idée semblait débile.

Puis David Fincher est arrivé sur le projet. Je ne suis pas spécialement fan du monsieur. Fight Club est un pétard mouillé ne fonctionnant que grâce à son twist final, Zodiac est très long et mollasson et sa version d'Alien est des plus discutables. On pouvait donc se demander si le réalisateur de Benjamin Button avait fini par céder aux sirènes des studios pour livrer un film de commande.
Il n'en est rien. C'est notamment grâce au réalisateur que The Social Network est une grande réussite.

The Social Network est avant tout un bijou de narration. L'histoire de base un peu simplette aurait pu être inintéressante : on suit quand mêle un geek informaticien de base commençant comme étudiant et finissant au sommet. Il y a des dizaines d'exemplaires de ce profil et on pourrait s'en foutre.

Ici, ce n'est pas le cas, notamment grâce au talent d'écriture d'Aaron Sorkin. Souvenez-vous. En 1992, le scénariste scotchait tout le monde avec Des Hommes d'Honneur, montrant qu'on pouvait rendre passionnant un procès militaire. Presque 20 ans plus tard, il renouvelle l'opération en rendant cool les réunions de travail et passionnantes les entrevues d'avocats.
Ajoutez à cela les images très soignées, la jolie lumière, quelques effets spéciaux discrets bien faits (les jumeaux sont joués par un seul acteur) et la réalisation impeccable de Fincher et vous obtenez un grand film.

N'oublions pas non plus un casting impeccable, avec en tête Jesse Eisenberg très bon en nerd solitaire. Il parvient à nous faire rapidement détester le personnage de Mark Zuckerberg, cet informaticien étrange dont la motivation n'est ni la gloire ni l'argent qui semblera si seul (un comble). On notera aussi la très bonne performance d'Andrew Garfield, ce qui est de bonne augure pour sa future interprétation d'un homme araignée.

Enfin, il faut souligner l'excellent travail de Trent Reznor, de Nine Inch Nails, qui compose une musique en parfaite adéquation avec les images de Fincher et qui souligne les propos comme il faut. Il n'est pas impossible que vous ayez envie d'en acquérir le disque.

The Social Network n'est pas vraiment une histoire sur la genèse de Facebook. D'ailleurs, le site web au logo bleu, s'il est bien évoqué à de nombreuses reprises, n'est montré qu'une seule fois à la fin du film et le logo en question est vraiment peu présent. Pas question de faire de la promotion pour le réseau social, ni de trop en montrer. Ici, Fincher et Sorkin dresse un portrait d'une génération, peut-être la vôtre : l'université au début des années 2000, les premiers emplois, les premières galères, le succès, la réussite. Ou pas.
Tout le monde, sauf peut-être les plus âgés moins touchés par cette génération Internet, peut se sentir concerné par le propos.
cloneweb
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le 6 oct. 2010

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