-Celui-ci est un peu plus mélancolique que le précédent, donc je le préfère, car plus c'est mélancolique plus c'est bien, le cinéma d'auteur. Bon après ce n'est pas un chef d'œuvre et oui il y'a un petit côté un peu horripilant à la "Albertine disparue", mais quand même, c'est très bien.


-Au lieu de faire un film sur une histoire d'amour (ce qui est très difficile, la cinéaste n'a pas les épaules pour ça), la cinéaste se contente de faire un film sur la préparation d'un film qui filme une histoire d'amour. C'est bien vu ça, ma foi c'est pas bête. Elle "racine-carré" son film pour le réussir, en somme. Quand tout le monde s'engueule sur le plateau de tournage c'est bien aussi, c'est mieux que dans Journal de Tuoa où c'était caricatural, là c'est réussi, on sent que "ça cloche", que ça va pas, que tout ce petit monde est complètement perdu et ne sait pas ce qu'il est entrain de faire, et ça c'est bien, cet "aveu" que le cinéma est faux contribue à le rendre vrai.


-Ah ce que c'est bien, des films d'auteurs qui prennent le temps d'être beaux (puisqu'un film d'auteur n'a, par définition, aucun autre but que de chercher à atteindre une beauté pure et simple), et qui ne cherchent surtout pas à être des films d'action refoulés. Chaque chose à sa place, la viande dans le frigo le sel dans le petit pot et la boîte de café dans l'armoire du haut; merci à cette charmante dame Anglaise de nous rappeler cette vérité très simple de la vie quotidienne. Modestie (même quand elle est très bourge), est toujours mère de sûreté, puisque c'est la première et la plus solide des vertus.


-C'est drôle, dans tout ce beau monde d'artistes et d'intelligentsia, les personnages les plus rassurants, les plus humains, sont les personnages des vieux parents de la cinéaste. Ce sont eux qui m'ont le plus "inspiré confiance" de tous (Tilda Swinton qui donne de l'épaisseur à un film, fallait le faire...). Comme quoi, hein, l'art n'existe pas en soi; mais la cinéaste a l'intelligence de leur donner une place, et heureusement pour son film d'ailleurs; ils apportent de l'épaisseur quoi, de la réalité. Ah oui, un autre personnage rassurant et sympathique est celui du monteur du film, il apparait vite fait dans la deuxième moitié, il rassure la cinéaste et lui dit qu'avec du montage "on trouvera la solution", la cinéaste sourit et dit "j'avais besoin d'entendre ça". Ils sortent boire un verre ensemble, et il s'avère en fin de compte que ce personnage des plus techniciens (un simple monteur), s'avère être plus artiste (plus concret) que toute cette jolie bande de penseurs et de jeunes metteurs-en-scène fougueux, qui ont tous un côté "engagé, sérieux" sensiblement angoissant, faux, à côté de la plaque un peu. Ces espèces de contrastes humains, très fins, dessinés en pointillés, m'ont bien plu et ont gardé mon attention en verve.


-La cinéaste qui pleure à la fin en regardant un reportage sur le mur de Berlin entrain de tomber, le genre de trucs un peu lourd qu'il aurait mieux fallu éviter quand même hein, heureusement ça dure 5 secondes : C'est ça aussi qui m'a plu, quand la cinéaste met des "mauvaises" scènes, elle a l'intelligence de vite les couper, le film est une "intelligence en action", c'est ça ce qu'est au fond tout bon film, on voit l'intelligence du cinéaste, ce qu'il a dans le ventre. Le cinéma comme radiographie de l'âme, comme dirait Godard.


-Disons que les deux films sont un mix 50-50 de Bergman et de Rohmer, en très gros quand même. Et encore une fois, il faut le voir, il y'a de la recherche, c'est pas de la camelote.


-La dernière scène, le petit travelling sur l'équipe de tournage du vrai film, tandis qu'on voit le film continuer à jouer, est vraiment très jolie. Ah y'a des trucs bien, y'a des trucs vachement bien quand même dans tout ça.

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le 4 mars 2022

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