The New Spirit of Donald's Better Self's Decision of '43
1942. Les États-Unis sont en plein effort de guerre et les studios Disney sont mis à contribution en déversant sur le pays des courts métrages de propagande à la chaine. 1942 verra ainsi Donald s'enrôler dans à peu près tous les corps de l'armée (avec plus ou moins de succès, notre irascible palmipède restant ce qu'il est) et souscrire à tout un tas de prêts au profit de l'effort de guerre.
Mais si tous ces films sont dans l'ensemble aussi mauvais les uns que les autres, le pire de tous demeure The New Spirit qui, bien qu'ayant Donald pour héros ne le montre en tout et pour tout que 4 minutes sur les 7 que dure le métrage. Au lieu de ses habituelles bouffonnerie notre canard préféré se fait sermonner par une radio autoritaire qui finit par lui faire payer une taxe d'effort de guerre aidée en cela par un groupe de fournitures de bureau vivantes (et moqueuses, la plume allant jusqu'à tourner le métier d'acteur de Donald en dérision en y accolant un ironique point d'interrogation) si lestes à remplir le bordereau qu'il ne reste plus alors à notre brave Donald qu'à signer dans une torpeur quasi hypnotique le chèque fatidique, se délestant du même coup de quelques dollars et de son libre arbitre.
Suit alors une longue séquence montrant d'immenses fonderies aux allures martiales déversées des torrents de métal en fusion qui après être passées entre les mains (littéralement) d'autres machines se changent en canons qui, venant frapper un navire menaçant à l'emblème du soleil levant le précipiteront au fond des flot en une métaphore aussi subtile qu'originale. Viennent ensuite les avions puis les bateaux auxquels succèdent d'affreux sous-marins allemands grimaçant de toute leur ancre (et là moi des sous-marins avec une ancre, je demande à voir) qui finiront aspiré dans un tourbillons de chasse d'eau, laissant place à une armée de tanks affrontant cette fois le nazisme lui même, incarné avec toute la subtilité de Disney par un robot / tank / avion monumental coiffé d'un casque à corne orné (histoire de bien faire saisir l'idée) d'une magnifique Svastika.
Le monstre finit bien entendu détruit et c'est sur ses débris fumants que roulent pour finir les innombrables tanks et avions américains sous un ciel aux couleurs de la bannière étoilée.
Waw.
Ce film aura tout de même le mérite de nous apprendre le deuxième prénom de Donald.
Remarquez à la réflexion je crois que j'aurai préféré ignorer qu'il s'agissait de Fauntelroy...
Et là moi je vous entend déjà : "Mec t'es trop con, c'est pas le bon film que tu critiques là !".
Et bien détrompez vous car il s'agit bel et bien du même film. En effet si Spirit of '43 date quant à lui de 1943, il reprend dans son intégralité et plan par plan la séquence de fin de The New Spirit.
Le début devait en revanche être un peu trop subtil car il a cette fois été remplacé par une courte séquence (le métrage ne dure cette fois que 5:50 minutes au lieu de 7:22) nous montrant Donald aux prises avec deux archétypes, le vieil homme économe d'une part et le flambeur prétentieux de l'autre. Le vieil homme (apparemment écossais, allez comprendre...) explique alors à Donald qu'il ferait mieux de donner son argent à l'effort de guerre tandis que le jeune zazou tente par tous les moyens de l'emmener faire la tournée des cabarets.
On retrouve ici le symbolisme maladroit de l'ange et du démon déjà exploité début 42 dans Donald's Decision qui montrait Donald aux prises avec sa conscience pour une histoire de... participation à l'effort de guerre ! On terminait là encore par une successions de scènes militaires entrecoupées de phrases choques et de piles de pièces, le début ayant été quant à lui maladroitement repompé sur Donald's Better Self (Le Bien et Le Mal, 1938) et agrémenté des inévitables affiche de propagande et croix gammée.
A la fin donc chacun apparait tel qu'il est vraiment, le vieil homme prenant l'apparence d'une sorte d'Oncle Sam (écossais) aux pieds palmés tandis que le flambeur arbore maintenant mèche et moustache carrée chères à l'imagerie Disney de l'époque, négligemment appuyé sur une barrière subtilement muée en svastika et Donald finit bien entendu par choisir le vieil homme (ce qui d'un point de vue strictement capillaire se comprend aisément), envoyant valser l'Ennemi à travers la barrière qui, brisée, prend maintenant la forme du V de la victoire.
Donald se fait enfin littéralement dépouiller de tout son argent par l'état (le vieux allant même jusqu'à lui soutirer sa dernière pièce qu'il tentait de dissimuler sous son chapeau), le tout avec le sourire tandis que nous avons à présent qu'il faut donner son argent à l'effort de guerre et qu'il vaut mieux éviter les types mal coiffés et les cabarets avec une porte en forme de crois gammée.
En conclusion je me disais jusque là que The New Spirit était et resterait le pire Disney de propagande mais Spirit of '43 le dépasse aujourd'hui allégrement. Non pas parce qu'il est vraiment pire, mais parce qu'il n'a pas le mérite (déjà plus que subjectif) de la primauté.
Mais à bien y réfléchir, n'est ce pas finalement une attitude des plus louables en temps de guerre que de tenter de faire du neuf avec du vieux ?