"Être homme de bien et ne pas chercher à le paraître, c'est le vrai chemin de la gloire." (Socrate)
De belles pensées entrainent-elles de belles actions ? Christian, un directeur de musée, d'abord plutôt honnête, présente une exposition nouvelle : un carré symbole de fraternité, dans lequel les hommes et femmes seraient égaux, où la confiance régnerait et où l'entraide serait obligatoire. Loin de ces saines paroles, Christian se fait voler son téléphone et son portefeuille en croyant venir en aide à une passante. Il se lancera dans une lâche quête de vengeance, usant de procédés aux antipodes de ce qu’il prône dans la sphère médiatique et mondaine.
The Square est une longue satire sociologique d’un milieu aisé et qui apparaît comme déconnecté de la réalité : celui de l’art contemporain. A l’image de Christian, cette caste est placée face à ses contradictions, ses actes semblant bien loin des principes qu’elle entend défendre. Ruben Östlund dresse dans son film le portrait de personnes irresponsables, lâches et superficielles ; capables de s’offenser devant une vidéo promotionnelle mettant en scène une petite mendiante tout en restant absolument indifférent face à ces mêmes personnes dans le « monde réel » ; incapables, à cent contre un, de venir en aide à une femme attaquée par un artiste un peu trop dans son rôle tout en vantant la beauté d’une exposition qui met en avant l’aide de son prochain. La critique est aiguisée, et la forme, maitrisée de bout en bout, sert largement le fond. La déjà culte scène du banquet est à ce titre une merveilleuse illustration du bystander effect, qui déresponsabilise et paralyse les foules lorsqu’une situation requiert une action rapide.
Malgré cela, le film peine à s’imposer sur la durée et devient, dans sa dernière partie, bien trop long. Des sous-intrigues dispensables apparaissent pour faire passer un message qui, finalement, était déjà passé. On baille dans les derniers instants alors qu’on était conquis par la première heure. Le plus gros défaut de The Square, c'est finalement sans doute qu’il a un excédent d’une bonne demi-heure. A la sortie de la salle, cela laisse un sentiment assez étrange. Mais le lendemain, on se rappelle surtout des quelques éclairs de génie qu’offre le film. Et on écoute un album de Justice.