Sicario et Hell or High Water ont deux points en commun : un (très) bon accueil critique et un scénariste, Taylor Sheridan. Il n'en fallait pas plus à ce dernier pour se faire un nom et pouvoir passer derrière la caméra avec Wind River.
Drame intimiste dans une région reculée des Etats-Unis, sorte de Hell or High Water dans un environnement glacial, le projet avait tout pour plaire. Et pourtant, c'est plat. Beaucoup trop plat.
Est-ce un problème de réalisation ? N'est pas Denis Villeneuve qui veut, et un bon scénario ne suffit pas à lui seul de faire un bon film. Est-ce un problème d'acteurs ? Le duo Renner/Olsen, assez limité, peine à approcher le niveau de Del Toro/Blunt ou de Bridges/Foster. D'un point de vue formel, Wind River fait le boulot mais sans aucun génie. Le film se veut contemplatif mais l'ensemble demeure simpliste, sans réelle identité autre que celle que dégage naturellement la région filmée.
Pourtant, plus le film avançait, plus je me suis demandé si le problème ne venait pas de l'écriture, pourtant censée être le point fort du film. On a peut être surestimé le talent de Sheridan : l'intérêt de Sicario reposait sur la virtuosité de Villeneuve ; tandis que ceux de Hell or High Water étaient une ambiance poussiéreuse et un duo acteurs au top. L'écriture était honnête mais ne se suffisait pas à elle-même. Avec Wind River, on se rend compte des limites du fond dès que la forme ne brille plus. Un point de départ simpliste, des personnages assez classiques aux backgrounds superficiels, des personnages secondaire peu convaincants dans leurs actions et réactions, et surtout, une résolution de l'intrigue complètement expédiée. Il en résulte un film pas inintéressant ni désagréable à regarder, notamment en raison d'une ambiance naturelle convaincante, mais finalement bien en-deçà de ce qu'on pouvait attendre de la nouvelle plume virtuose d'Hollywood.