Les relations entre le pays du matin calme et celui du soleil levant ont toujours été à fleur de peau malgré les tentatives de rapprochement et de coalition esquissé depuis bien longtemps entre les deux pays, notamment lors de la Coupe du Monde de la Fifa 2002 qui auront su bercer l’euphorie des fans de Captain Tsubasa pendant quelques mois, bien que ce seront les guerriers Taeguk qui feront la fierté de leur nation en se hissant jusqu’en demi-finale de la compétition au nez et à la barbe des malheureux Samurai Bleus. Entre les conflits territoriaux persistant, la guerre commercial initié il y a quelques années, le révisionnisme nippon souvent pointé du doigt par les coréens sur la période d’occupation lors de la seconde guerre mondiale ayant meurtri toute une génération réduite en esclavage, aux travaux forcés ou aux camps d’expérimentation font que les rapports ne sont pas prêt de s’apaiser de si tôt. Du coup quant une épidémie d’infectés et une série de meurtres inexpliqués frappe un pauvre patelin reculée de la Corée, les habitants ont tendance à rejeter la faute sur l’ermite pas net originaire de l’archipel.
Livrés à eux-même, les policiers vont se laisser influencer par la paranoïa ambiante et rendre une petite visite de courtoisie à l’homme qui vit reclus dans la forêt. Suite à la découverte d’un autel compromettant avec des photos personnelles des habitants ainsi que des objets fétiche leur appartenant, le japonais va servir de bouc-émissaire à toute la communauté, notamment Jong-Goo un flic empoté dont la fille se retrouve à son tour atteinte par un mal indéterminé. Face à l’altération de son état de santé, un chaman est envoyé pour exorciser le démon. Outre la présence d’un diacre dont la foi va rapidement vaciller face à ces événements, une femme mystérieuse vêtu de blanc effraye les habitants, et des gens se mettent à s’entre-dévorer peu après les rituels païens du sorcier qui pourrait tout aussi bien être un sataniste ou un charlatan. Une fois le mal installé, il est tout cas très difficile de l’en déloger.
Au milieu de ce désordre social environnant, il y a donc Jong-Goo promu enquêteur par intérim, un raté qui n’exerce ce métier que par défaut, bien plus motivé à rentrer chez lui se reposer sitôt le service démarré, le genre à porter un uniforme tâché de gras par la quantité de nourriture qu’il engloutit à chacun de ses repas. Il évoque à bien des égards le détective Park Doo-man de Memories of Murder notamment pour la ressemblance physique et le caractère rustique, bien qu’il fasse preuve d’une attitude bien plus juvénile que ce dernier qui ne se planquait pas sous la table du commissariat les soirs orageux. Son rôle de père il va cependant l’assumer malgré son incompétence qui le rend tout bonnement incapable de résoudre cette affaire qui dépasse l’entendement. L’arrivée d’un chaman étranger censé résoudre l’intégralité des problèmes de la communauté ne va faire qu’aggraver la situation après une cérémonie plus hystérique qu’un chant traditionnel de gospel où les forces se répondent à distance dans un montage alterné. Le rituel n’ira pas à son terme malgré les efforts déployés et les poules décapités. L’ultime point de non retour sera franchit après la croisade meurtrière sur le Japonais mené tambour battant par les villageois et ce qui précédera à une apocalypse zombiesque. Aucune des institutions en présence (église comme police) ne sera capable de contenir ou d’endiguer la contamination du mal qui anime les habitants, ni même d’assurer leur sécurité.
On pense d’abord que le film traite de la peur de l’étranger, d’un racisme ordinaire dérivant dans une vengeance sordide qui précéderai un diabolique retournement de situation. Par conséquent difficile de ne pas ressentir une forte empathie pour cet étranger qu’on pourchasse dans la forêt, dont on détruit les affaires et tue le chien sans pour autant avoir de preuve de sa culpabilité. L’une des forces de The Strangers réside dans sa capacité à nous désorienter dans les méandres de ses strates narratives et de ses routes sinueuses qui jalonnent la montagne, l’apparente beauté du cadre pittoresque recèle d’ailleurs une atmosphère oppressante qui va s’accentuer au fur et à mesure de notre enfoncement car Na Hong-Jin choisi d’emprunter plusieurs voies à contre-courant de la satire social qu’il introduit mais jamais à sens unique afin de pouvoir continuellement bifurquer vers de nombreux sous-genre (films de zombies, thriller policier, drame, exorcisme, épouvante-horreur). Finalement, le diable était déjà là, dès l’introduction, pêchant paisiblement au bord d’un plan d’eau et nous avons tous mordus à son hameçon.
Tu veux ta dose de frissons et d’adrénaline pour Halloween ? Rends-toi sur l’Écran Barge où tu trouveras des critiques de films réellement horrifiques, situés à mi-chemin entre le fantasme et le cauchemar.