Ma découverte de Na Hong-jin est assez récente, son The Chaser m'avait plutôt enthousiasmé, mais j'attendais The Strangers avec une certaine impatiente, fort d'une réputation assez flatteuse, confirmée par mes éclaireurs.
Ce qui me frappe en premier lieu ici, c'est la gestion du scénario, sa construction et l'habile mise en scène pour le sublimer. L'auteur arrive à nous laisser penser que certaines pistes vont aboutir, avant de nous mettre face à l'erreur puis nous surprendre sans jamais tomber dans la surenchère ou la lourdeur. C'est un thriller remarquablement bien ficelé, bénéficiant en plus de protagonistes intéressants et d'une intrigue plutôt solide où l'on va suivre un policier face à une violente série de meurtres.
Le côté un peu mystique est aussi appréciable, Na Hong-jin nous emmène dans une Asie où l'on va rencontrer des chamanes ainsi que diverses croyances, vers une culture plus inconnue. Il garde d'ailleurs un aspect réaliste tout le long de l'oeuvre, et montre une certain savoir-faire dans la gestion du rythme. On peut néanmoins regretter que dans ce mélange des genres, allant du thriller à l'horreur, le côté humour noir soit un peu moins travaillé, tout comme certaines séquences qui ne semblent pas forcément loin de la caricature.
Rien de bien préjudiciable non plus, l'oeuvre reste agréable à suivre malgré sa longueur, elle ne tend jamais vers l'ennuie et on peut apprécier la façon dont l'auteur traite de la chute des repères, la façon de se retrouver face à l'inconnu ou encore sur la foi et la croyance. Il parvient à instaurer quelques forts moments de tensions, notamment dans la dernière partie alors que les comédiens se montrent irréprochables, en particulier la jeune Kim Hwan-Hee, Kwak Do-Won ou un remarquable Jun Kunimura.
Na Hong-jin propose avec The Strangers un thriller particulièrement bien ficelé, sachant lorgner vers divers genres et régulièrement sous tension où nos convictions vont tomber les unes après les autres.