SPOILER – LECTURE DU FILM
ATTENTION – ne lisez SURTOUT pas cette « lecture » du film avant de l’avoir vu.
Ceci est une interprétation toute personnelle – je n’impose aucune lecture à aucun film, chacun perçoit les choses comme il veut, se fait sa propre opinion, vit soi-même la vie. Tout au plus, je « partage » ce que j’ai bien voulu lire dans cette œuvre, basée sur ma propre expérience du cinéma, du pays, du réalisateur et ma vision du monde et de la vie.
Pour moi, THE STRANGERS ne s elimite pas uniquement à cete histoire d’affrontements de chamans ; THE STRANGERS est un brûlot politique extrême, qui dénonce à la fois la situation politique coréenne actuelle et – par extension – mondiale.
Qu’est-ce que raconte THE STRANGERS ?
L’histoire d’une femme (présidente), qui manipule un citoyen (représentant des forces de l’ordre, en plus !) en alimentant des simples suppositions envers un « étranger » pour en faire de la haine raciale.
Le petit bonus, c’est que cela concerne un japonais, « étranger » haï par excellence depuis la terrible période d’occupation de la Corée par le Japon (en très gros entre la fin des années 1890s jusqu’en 1945) ; donc une haine de l’étranger à puiser dans les racines même de la culture coréenne (et qui existe, plus largement, depuis la nuit des temps avec cette incessante peur d’invasion par les chinois).
Cette femme construit donc son propre pouvoir en manipulant l’opinion publique et en n’intervenant plus du tout dans l’emballement naturel des choses – qui va évidemment crescendo jusqu’au dérapage totalement incontrôlé.
Conséquence ? En fin du film, un citoyen (représentant d’un ordre religieux, religieux qui ne sont pas tous blancs dans la haine raciale et le règne de terreur, notamment les catholiques / protestants en Corée) est confronté au monstre qui a été créé à partir des simples soupçons envers un étranger – séquence magnifique de l’incarnation de cette monstruosité, qui force le citoyen à le regarder, puis le prend en photo pour lui renvoyer l’image du monstre qu’il a créé.
En même temps, nos enfants, êtres plus innocents, sont le dommage collatéral de toute cette haine raciale. Cela les rend « malades », que l’on s’en prenne à des innocents, que l’on ne voit pas la vraie source du mal...et qu’ils vont hériter d’un monde que nous aurons nous-mêmes pourris, alors que nous, les adultes, nous prétendons détenir la vérité et inculquer les bonnes valeurs à nos enfants.
Nos enfants vont nous haïr pour tous les mensonges colportés, pour tous les actes commis. Et ils vont littéralement « tuer » leurs parents pour tenter de recréer un monde meilleur…
C’est particulièrement vrai en Corée du Sud actuelle, où a été élu à la tête du pays la fille de l’ancien dictateur PARK – plutôt par une ancienne génération, dépassé par le changement rapide et drastique du pays récemment, et se sentant « nostalgique » des anciens jours, dont ils ne retiennent que certains aspects positifs. Cette femme présidente se fait un malin plaisir d’entretenir un climat de peur et d’insécurité en jouant sur la peur « de l’étranger » : du capitaliste américain qui détruit toute l’économie interne ; des éventuels « étrangers terroristes », qui lui permettent d’adopter des lois pour arrêter ses opposants politiques en premier lieu, journalistes, tous ceux qui pourraient contester son régime.
En quelques années, elle a réussi à provoquer une énorme scission parmi son peuple entre les anciens et les jeunes, totalement désemparés, qui n’ont pas compris comment des personnes ont pu voter pour le retour à un ancien régime que l’on sait aujourd’hui de terreur. Qui fait même changer les manuels d’histories scolaires pour charger à nouveau…l’ancien occupant japonais et en rajouter dans la haine envers cette nation.
Mais ce modèle ne s’applique malheureusement pas uniquement à la Corée du Sud. L’Autriche a manqué élie un monsieur, qui a voulu ériger un mur pour protéger son pays des « vagues de migrants » qui allaient bientôt les envahir. Trump propose de construire un mur pour séparer définitivement les Etats-Unis du Mexique et « protéger » son peuple. L’Indonésie, la Malaisie, la Thaïlande…tant d’autres politocards jouent sur cette peur de l’autre pour faire régner terreur et insécurité…et malheureusement, la France n’est pas le dernier dans ces pratiques de faire.
On sait où cela mène en général. En Europe, nous avons connu le pire des exemples il y a moins de cent ans. Mais l’homme oublie vite – on adore croire à des balivernes lancées par des excellents orateurs manipulateurs…Mais mesurez la conséquence de nos actes sur nos futurs enfants…
Un grand grand grand film – et parfaitement complémentaires avec SEOUL STATION et TRAIN TO BUSAN, qui racontent la même histoire – un peu plus facilement. Une période très noire pour la Corée du Sud, dont le cinéma (comme tout au long des décennies de sa difficile Histoire) se fait écho.