On peut parler (ou écrire) sur "The Strangers" aussi longtemps qu'on veut - aussi longtemps qu'a duré l'épreuve sublime du film lui-même -, on n'en épuise ni le sens profond, ni les sensations, extrêmes, déroutantes. Mieux vaut peut-être se taire, comme les spectateurs hébétés, épuisés, terrifiés, qui sortaient de la salle hier après-midi autour de moi : retrouver le soleil de l'été après 2h30 face à l'obscurité intégrale du Mal absolu avait quelque chose d'inconcevable. "The Strangers", film excessif dans son accumulation d'éléments hétérogènes (une caractéristique du cinéma coréen moderne, on le sait...), comme dans son étirement et ses rebondissements artificiels (une caractéristique des films de Na Hong Jin, on le sait depuis "The Chaser"...), ne vise ni la logique - vite abandonnée, frustrant le passionné de polars mentaux en nous - ni l'efficacité narrative - totalement ignorée en faveur de l'impact émotionnel : il en a après notre ÂME, ni plus ni moins. Entre des scènes d'exorcisme hystériques et tonitruantes qui plongent la salle toute entière dans la même transe hébétée que les protagonistes du film (film à voir avec le son réglé au niveau maximal !), et une conclusion profondément perturbante qui nous laisse entrevoir un Mal incroyablement ancien et pervers auquel il est illusoire d'espérer résister, "The Strangers" vient d'exploser tous les codes du cinéma fantastique en un long trip grotesque, malade, d'une intensité invraisemblable. [Critique écrite en 2016]