Des meurtres particulièrement violents se succèdent dans un village coréen. Alors que les flics patinent dans l'enquête, la rumeur semble accuser un vieil ermite japonais...
★★★☆
The Strangers réussit brillamment à faire le pont entre deux genres du film populaire. L’œuvre de Na Hong-jin débute comme un polar noir classique. L'atmosphère est poisseuse et le rythme particulièrement lent, sans être ennuyant pour autant. Le ton est décalé et le profane en cinéma asiatique sera certainement surpris par les mimiques des personnages (oscar des meilleurs yeux écarquillés pour Kwak Do-Won), leurs réactions disproportionnées et des dialogues qui frisent volontairement l'absurde.
Puis vient le basculement total dans l'horreur. Sans crier gare (enfin si, un peu, le spectateur attentif aura saisi les indices), The Strangers saute à pieds joints dans l'épouvante, convoquant à la fois le folklore asiatique et les productions américaines des années 70. L'humour disparait et le suspense horrifique est progressivement amené par une réalisation qui délaisse tous les effets vus et revus ces dernières années. Généreux en surprises et en scènes mémorables, le scénario nous balade du début à la fin tout en gardant le plaisir intact. Pas de frayeur insoutenable, loin de là, mais une tension surnaturelle qui pourra nous hanter encore pendant quelques nuits et nous pousser à la réflexion d'une deuxième lecture plus religieuse et/ou politique.
- Si vous avez manqué le début
On fait connaissance avec le héros : un flic balourd, soumis, pas très futé et peureux. Comme dans la grande majorité des films coréens. Difficile de savoir si les flics de là-bas sont comme dans leurs films, mais cet archétype est franchement peu gratifiant.