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Je n'ai jamais vu quelqu'un distribuer autant de pains

Avec The Street Fighter on franchit plusieurs fois la ligne ténue entre la pure parodie de genre et l'hommage appuyé au cinéma hongkongais de Chang Cheh et de Bruce Lee -- décédé l'année précédente -- lui-même volontairement outrancier. Alors que les arts martiaux sont abondants dans le cinéma japonais des années 60 et 70, au point de faire des émules à Hong-Kong, il s'agit généralement de films de sabre (chanbara), de yakuzas, de ninjas (Shinobi no mono), ou plus généralement de films historiques (jidai-geki) faisant la part belle aux samouraïs de tout poil. Ici, par un curieux tour de piste Shigehiro Ozawa reprend les codes d'un certain cinéma de genre en vogue sur le Continent et en Occident pour l'adapter à la sauce Toei, avec un film relativement inclassable dont l'action se partage entre le Japon et Hong-Kong, entre art martial local (le karaté) et Triades, acteurs nippons et étrangers.

Mais plutôt que de s'attarder sur le scénario ou sur le cadre, on doit évoquer la performance de Shin'ichi Chiba, un acteur qu'on avait déjà vu fricoter avec les yakuzas dans les films de Fukasaku ou d'Eiichi Kudō, où il tenait toujours des rôles de dur, un castagneur dont on avait déjà aperçu l'étendue du talent pieds-poings. Mais dans The Street Fighter tout est démesuré. Dès l'introduction, avec ce karatéka attendant son exécution dont on apprend qu'il a tué à mains nues sept adversaires au cours d'un combat. Et puis il y a ces grimaces forcées, les postures improbables, la récurrence des bastons, le nombre intarissable d'ennemis qui viennent chercher leur bourre-pif, l'ultra-violence de certaines scènes comme lorsqu'un combattant plonge tête la première par la fenêtre et atterrit six étages plus bas dans une gerbe de sang, ou lorsqu'un autre se fait arracher les bijoux de famille à pleine main... Une exubérance qui assiéra la renommée de Chiba, qui change d'ailleurs de prénom pour un nom plus occidental, Sonny.

Pur objet de plaisir, constamment à la limite de la faute de goût, ce Street Fighter restera comme le précurseur d'un nouveau genre qui fera des petits et marquera une génération.

Yushima
6
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le 11 août 2023

Critique lue 11 fois

Yushima

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