Gore to the picture
Pour être la première puissance mondiale, il faut forcément être plus malin que les autres. Ça pique un peu de l’admettre, mais c’est un cercle vertueux - ou vicieux, selon le point de vue adopté :...
le 7 août 2021
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Ils sont de retour, mais cette fois-ci pas pour nous jouer un sale tour à coup de montage traficoté sur la table d'opération (cf la première bande-annonce du Suicide Squad de 2016...). En effet James Gunn profite là de passer une tête dans la porte de l’écurie DC avec un film R-Rated à faire rougir les fesses de Deadpool sous le coup de fouet. Et l’occasion aussi ici d’avertir contre d’éventuels spoilers dans ce qui suit.
Obstáculos Son Oportunidades
Pour revenir rapidement sur l’origine incongrue du projet, il suffit de prendre à partie le t-shirt jaune poussin de Rick Flag (Joel Kinnaman). Sur son torse est sérigraphié ce qui ressemble à un lapin brandissant une pancarte « Obstáculos Son Oportunidades ». Ce qui se révèle ici être la dimension méta du film, même si elle ne réveillera pas les foules en pleine nuit, a tout de même le don de montrer comment James Gunn a pris avec philosophie son renvoi de chez Disney. La raison à des tweets antédiluviens ressortis à son encontre et sur fond de cette bonne vieille cancel culture dont le holster est titillé au moindre écart de mauvais goût dans l'expression des uns et des autres.
L’opportunité pour lui, à ce moment-là, de se laisser alpaguer par DC. L'occasion faisant le larron, il réalisera sur le vif ce The Suicide Squad censé redorer un tant soit peu le blason de Warner Bros niveau super-héros. Le temps pour Disney de se bouffer quelques doigts avant de rappeler illico presto James Gunn pour Les Gardiens de la Galaxie Vol.3.
Cette dimension méta, assez satisfaisante pour ceux qui prendront le temps d’observer, se double d’un discours politique plus ostentatoire, se résumant surtout à des bribes sur l’impérialisme sauvage américain mais qui n’ira pas nécessairement plus loin que nourrir les aversions des spectateurs pour certaines parties prenantes de l’histoire (quoique...). Le divertissement étant ici le maître-mot de James Gunn et ses génies du mal.
Gunn’s goons
Car ce qui nous intéresse ici, bas du front que nous sommes, c’est de savoir qui va vivre, qui va crever, mais surtout sous quelles types de tortures les vies seront-elles salement ôtées ? Par un "game of thrones" carrément précipité les cadavres s’entassent dès l’introduction. Avec des effets gores régressifs, poussifs et finalement jouissifs pour qui s’abandonnera sous les giclées de sang et dislocations avec côtes apparentes.
Sous ces drames à la pelle, les super-vilains, tant connus que plutôt obscurs de l’univers DC Comics et choisis par James Gunn, ne manqueront pourtant pas de s'essayer à des envolées drolatiques et comiques qui m’auront fait lâcher de nombreuses petites exultations incontrôlées. Par exemple, sans en dévoiler trop, Peacemaker (John Cena) en slip blanc éclatant au milieu de la jungle, Polka-Dot Man (David Dastmalchian) et la retranscription visuelle de son syndrome d’Oedipe carrément inversé ou encore King Shark (Sylvester Stallone) en cousin très éloigné de Kevin Malone dans The Office.
Au delà de ça, dans la droite lignée de ses gardiens de la galaxie et des films de bande, James Gunn, sans réinventer la recette des blockbusters super-héroïques certes, offrira cependant une belle dynamique d’ensemble par des relations et des interactions travaillées par petites touches entre les membres d’infortune de sa suicide squad. Par exemple la relation entre Bloodsport (Idris Elba) et Cleo Cazo (Daniela Melchior) qui se retrouvera une forme de figure paternelle. Tout cela aboutissant à une authenticité et une alchimie qui peuvent se révéler assez rares dans ce genre de productions. Si bien qu'à un moment avancé du film j'ai pu me dire, ayant eu mon quota de massacres, que ceux qui se feraient zigouiller à partir de maintenant me feraient vraiment un peu de peine en dedans la cage thoracique.
Fantabulous Harley Quinn part 2
En plus de créer un nouveau film, James Gunn prend appui sur le travail précédemment réalisé dans le DCEU. Démontrant ainsi le consciencieux de sa démarche et sa volonté de respecter et renouveler le semblant de direction artistique pas toujours bien entretenue par Warner Bros jusqu'ici. Il fera en particulier la part belle au film sur Harley Quinn et sa fantabuleuse émancipation (Birds of Prey, un film plutôt réussi en fait). Il s’en inspire tant visuellement que thématiquement offrant à Harley Quinn (Margot Robbie bien sûr) non pas un rétropédalage dans le développement de son personnage mais des confirmations et continuités pavant un peu plus avant le chemin de son émancipation. Il y a d’ailleurs à ce titre une évasion virevoltante qui rappelle en écho direct la séquence du film précédent dans le commissariat, ses chorégraphies et son approche visuelle tout en montrant un personnage plus méthodique et serein dans les bottages de fesses.
C’était là d’ailleurs la seule invitation du studio intimée à James Gunn : essayer d’intégrer Harley Quinn à l’histoire. Pour le reste il a eu ce qui semble être une carte blanche. Il en résulte un divertissement qui m’aura tout du long convaincu de ne pas bouder mon plaisir. Les spectateurs friands de ce genre de délires spontanés -qui tentent une générosité moins aseptisée par des plans précalculés sur la comète de la rentabilisation et du profit à long terme- ne s'en porteront vraiment pas plus mal.
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Créée
le 28 juil. 2021
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