Quand Gunn redonne vie à une Escouade Suicidée

5 ans après l'hécatombe Suicide Squad signée David Ayer feat l'Ingérence à la Warner, ce même studio, toujours dirigé par des champions, décide de retenter le coup, profitant d'une péripétie se déroulant chez son concurrent aux grandes oreilles pour lui subtiliser un de ses réalisateurs les plus loués du MCU, James Gunn.

Sa mission ? Refaire le même film, mais en fait non. En faire un vrai, de Suicide Squad, et un bon, de préférence. Carte blanche pour James Gunn donc, qui profite de cette offre comme pour dire à son (ex)ex-employeur "oeil pour oeil...", et pour nous offrir un film décomplexé et gore, mais sans oublier sa qualité principale : le traitement des personnages.

C'est pas bien difficile, c'est mon film préféré du DCEU, sans forcer, enterrant avec un quart de ce qu'il offre le Suicide Squad original. Ayant beaucoup de mal avec le reste de l'univers et notamment la personnalité de Snyder qui transpire de ses trois films du DCEU, ce Suicide Squad, gracié par le pouvoir empathique de Gunn, se hisse sans peine parmi mes préférés du genre, et au-dessus de tout ce que le studio a pu nous pondre concernant les super-héros depuis TDK.

Gunn a clairement un flair pour créer des émotions lorsqu'on regarde un de ses films. Alors ouais on va pas se mentir il le fait via des procédés qui sur le papier sont très artificiels, sauf que là, ça fonctionne, parce que c'est James f*cking Gunn. Tout ce qui n'allait pas dans le premier film, il vous le corrige à sa sauce, en plus d'y apporter un sens de l'écriture cent fois plus divertissant et déjà vu à l'oeuvre dans les GotG.

Le film n'est évidemment pas sans défauts. Il souffre de quelques baisses de régime et quelques gags que j'ai senti venir un peu trop facilement. Aussi je pense que par moments le film ne savait pas trop quoi faire de tel ou tel perso, alors il n'en parle plus pendant 10min. Je ne tiendrais pas rigueur du plot en général, c'est littéralement une mission suicide assez simple avec un soupçon de critique sur la politique US, portée par un groupe hétéroclite de persos rendus attachants et/ou drôles. J'en attendais pas une profondeur d'écriture à la Sorkin, juste un action movie gore et décomplexé, et c'est amplement atteint comme objectif.

L'autre comparaison obvious, c'est celle avec Deadpool. Mais si plusieurs personnes ont été assez prompts à critiquer le perso fétiche de Reynolds et ses films, moi qui les apprécie je pense que la différence réside surtout dans la volonté de son perso à être non seulement meta, mais surtout insupportable à ce sujet. C'est pas juste con, c'est immature (comme son perso). On aime ou on aime pas. Dans TSS, à quelques lignes près, c'est bien plus con. Et ça fonctionne super bien. On passe rarement cinq minute sans rire.

J'ai été un peu "déçu" par le dernier tiers tout son final, qui m'a donné l'impression d'être un peu brouillon en termes de tons.

Bonne utilisation et réutilisation des persos. Super BO, loin de la playlist prétentieusement triple A et mal utilisée du premier. Je le répète, c'est un procédé théoriquement artificiel, mais quand la personne sait ce qu'elle fait, ça vous transforme un film en or.

Sympa de voir que Gunn a permis à quelques amis et/ou des gens du camp Marvel de profiter de sa petite escapade chez DC. Ça se voit que ça a été une petite occasion de s'éclater et de faire profiter des copains.

Non seulement on retrouve Idris Elba (beaucoup plus attachant et creusé que le Heimdal de Thor, mais en même temps ici c'est un premier rôle) et Stallone, aperçu dans GotG2, mais on peut évidement mentionner les cameos de Sean Gunn, Michael Rooker, Taïka Waïtiti, et pour les plus attentifs, Pom Clementief, et Nathan Fillion, qui avait bossé avec Gunn dès 2006 pour Horribilis.

Je pense préférer malgré tout les deux GotG (même s'il faudrait que je revois le premier car ça fait un moment), mais j'ai passé un très bon moment.

La Warner peut remercier James Gunn, au pire, je le ferai pour eux.