Cabin in the Woods
Premier long-métrage de Stephen Fingleton, The Survivalist est l'extension de l’un des courts-métrages du cinéaste : Magpie, sorti en 2014. Produit et réalisé en Irlande du Nord avec un budget...
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le 8 déc. 2015
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Premier long-métrage de Stephen Fingleton, The Survivalist est l'extension de l’un des courts-métrages du cinéaste : Magpie, sorti en 2014. Produit et réalisé en Irlande du Nord avec un budget modeste, le film, à l’instar de son format matriciel, prend place dans un univers post-apocalyptique dont les origines sont sobrement présentées par un graphique introductif : les ressources pétrolières se sont épuisées à mesure que la croissance démographique a explosé, entraînant de ce fait la dérive de l’espèce humaine. L’œuvre suit le quotidien d’un homme (Martin McCann) survivant seul dans une cabane perdue dans la forêt. Sa vie cyclique sera troublée par l’irruption de deux femmes en quête de nourriture dans son espace personnel, une mère (Olwen Fouéré) et sa fille (Mia Goth).
Stephen Fingleton prend le temps de détailler la routine du personnage central en exposant chacune des habitudes nécessaires à sa survie. Cet intimisme initial souligne l’importance du risque qu’il prend en acceptant d’accueillir les deux inconnues en échange des faveurs sexuelles de la plus jeune… Par le biais d’une mise en scène épurée et suffisamment éloquente pour se passer de longs dialogues, le cinéaste explicite les enjeux de sa cosmogonie. Dans ce monde, l’argent n’a plus d’importance, ne restent que des choses propres à satisfaire des besoins essentiels : la chair, la boisson, la nourriture… La rudesse des conditions de l’Homme et l’impératif assouvissement de ses pulsions ont annihilé le spectre de la morale. Les instincts priment, et ils exhortent à la survie. The Survivalist est minimaliste jusque dans son essence – et dans ce désert végétal où la nature a repris ses droits, la science-fiction n’est qu’un laboratoire sondant l’esprit humain.
Le moindre fragment de l’œuvre – à l’exception de quelques flashbacks superflus – souligne la tension perpétuelle que subissent les personnages. Les acteurs, porteurs du récit dans cet univers dépouillé d’ornements, livrent des performances notables : à l’aulne d’interprétations pleines de mesure, leur regard demeure extrêmement expressif, et la lenteur factice de leur gestuelle trahit une émotivité pulsionnelle. Mia Goth dégage, sans afféterie, un érotisme glauque, tandis que la présence d’Olwen Fouéré insuffle au film une aura de défiance presque fantastique… La direction artistique n’est pas en reste dans la caractérisation des personnages, leur offrant de prime abord un cadre tangible dans lequel évoluer ; la coiffure néo-païenne du survivaliste évoque quant à elle sa relative communion avec la nature tandis que Martin McCann, mutique, multiplie avec une aisance déconcertante les atteintes à des symboles jadis sacrés.
Dans son laboratoire cinématographique, Stephen Fingleton capte des parcelles de vie éminemment perturbantes, qui n’ont de sens qu’à une époque où la culture n’est plus. Entre intimisme et aversion, il parvient à créer un décalage entre les agissements amoraux de ses personnages et l’esthétique réaliste du film, portée par l’âpreté d’une photographie dirigée par Damien Elliott. Les sources de lumière de The Survivalist sont naturelles, et le long-métrage accorde une importance certaine à l’authenticité de son habillage sonore – anxiogène, dépourvu de musique et diffusé en mono pour être plus percutant. Le film propose une fin ouverte, laissant transparaître un soupçon d’espoir alors que le reste de l’œuvre était chargé d’une ambiance de mort. Stephen Fingleton parvient néanmoins à suggérer de la méfiance là où tout semble n’être que neutralité. Dès lors, cet ultime deus ex machina ne suscite aucune incrédulité – d’aucuns verront là la marque d’une première percée précieuse, maîtrisée de bout en bout.
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le 8 déc. 2015
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