Qualifié par les puristes d'after events plutôt que de film "post apocalyptique", The survivalist se déroule dans un monde qui n'est pas fini et où la vie continue sous une autre forme. Le film s'ouvre sur un générique intrigant dans lequel on peut voir deux courbes de croissance : la courbe bleue représente les ressources naturelles et la courbe rouge la population. On comprend alors que la population augmente alors que les ressources diminuent. On découvre ensuite un homme qui plante des graines pour survivre. La thématique de la germination est abondamment et crûment traitée dans le film. La réalisation privilégie les plans serrés pour créer une atmosphère de confinement et d'oppression, les cadres rendent certaines scènes insoutenables et font perdre au spectateur ses repères. Il est en effet impossible de situer l'action dans le temps ou dans l'espace. La temporalité du film est aussi brouillée par l'absence de saisons; c'est sur les visages des acteurs qu'il faudra tenter de lire le passage du temps. L'art de la nuance est donc à l'oeuvre dans The survivalist et le recours au gros plan permet de suggérer la menace extérieure. La métaphore du lapin interviendra à un moment particulièrement fort du film pour représenter la survie de l'espèce. Le son a lui aussi été extrêmement travaillé : hormis au début et à la fin, la diffusion est en mono pour distiller une ambiance plus réaliste et moins distrayante que la stéréo. Ainsi, tous les spectateurs vivront la même expérience dans la salle peu importe la place qu'ils occupent. Le film laisse peu de place aux dialogues, les interactions entre les personnages sont plus physiques que dialogiques car dans un contexte de survie, la parole apparaît comme une forme de manipulation. Ce premier film, très réfléchi, influencé par l'oeuvre de Jane Campion et d'Ingmar Bergman, fait la part belle à la suggestion et dépeint avec violence et poésie un monde en pleine renaissance.

Cabou
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le 26 sept. 2015

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