Malgré sa nature forcément inégale, je suis plutôt client de l'anthologie, surtout si elle s'ancre dans un univers purement fantastique ou horrifique. Peut-être parce que j'ai été bercé assez jeune par la série télévisée Tales from the Crypt, allez savoir. Toujours est-il qu'avec un budget extrêmement modeste de 500 000 dollars, The Theatre Bizarre offre la possibilité à une poignée de cinéastes de s'exprimer autour du concept de Grand Guignol, ce type de performance délicieusement macabre et sanglante qui faisait sont petit effet en son temps.
Confiés à Douglas Buck, Richard Stanley, Tom Savini, Karim Hussain, Buddy Giovinazzo et à David Gregory (Jeremy Kasten se chargeant du fil rouge), ces six récits tentent donc comme ils peuvent et avec les moyens du bord de donner leur définition du genre, avec plus ou moins de bonheur. Si l'aspect lovecraftien du premier segment apporte une ambiance séduisante, la première partie du film ne fait guère illusion, le côté fauché de l'entreprise ne pouvant être compensée par un flagrant manque d'imagination.
Heureusement, à partir du très joli The Accident, touchante confrontation d'une petite fille avec la notion de mortalité, The Theatre Bizarre trouve son rythme de croisière et propose enfin quelque chose de consistant. On appréciera pour le coup le concept original de Vision Stains et ses gros plans qui font mal aux globes oculaires (un des rares trucs qui me hérissent le poil dans le genre) et surtout, le rapport extrêmement malsain (donc fascinant) qu'entretien le barré Sweets avec la nourriture.
Plus ou moins dégueu (on retiendra principalement les maquillages de Savini et les délires des deux derniers récits), The Theatre Bizarre est un hommage en demi-teinte, pataugeant franchement dans la semoule au cours de sa première partie pour mieux rebondir par la suite. On est clairement loin d'un Creepshow mais les amateurs devraient apprécier.