Lorsqu’un classique traverse le temps, d’une voir de deux générations, c’est qu’il est l’heure pour Hollywood d’effectuer un remake surtout si le contexte s’y prête et que les évolutions des effets spéciaux le permette. Le problème est néanmoins plus épineux lorsqu’il s’agit d’un film culte avec lequel les spectateurs ont grandis ou vieillis. L’approche est d’autant plus délicate qu’il faut savoir en conserver l’essence et justifier son intérêt, tout en prenant garde de ne surtout pas froisser la sensibilité des hordes de fans dégénérés qui n’épargneront aucune trahison. Cette problématique a au moins eu le mérite d’avoir été posé dans le cadre de The Thing qui se positionne à la fois en remake et pré-quelle de l’œuvre de John Carpenter sans toutefois savoir vers quelle angle aborder la chose jusqu’au choix même de son titre qui voudrait le dupliquer sans pour autant le remplacer. Le film s’intéressera donc aux évènements qui ont aboutis à la scène de crime esquissé dans la base Norvégienne calcinée mais pas seulement. Matthijs van Heijningen Jr a également l’ambition de lever le voile du mystère autour de la découverte du vaisseau spatial et de l’excavation de l’alien polymorphe dans sa forme initiale.


Ce tour de funambule qui consiste à vouloir respecter l’héritage et réadapter l’œuvres aux critères et canons esthétique de l’époque trouve rapidement ses limites et ce pour plusieurs raisons. La première d’ordre narratif implique de devoir opérer plusieurs twists scénaristique afin de surprendre le spectateur qui connaît déjà le déroulement de la fin puisque cette pré-quelle s’est fixé comme mission d’en effectuer la parfaite filiation. Le problème c’est que le réalisateur novice, peine à insuffler le même sentiment de paranoïa que John Carpenter sans avoir recours à l’utilisation de jump-scares visuels et sonores bien putassier pour accentuer la tension qui demeurera tout du long assez artificielle. On ne peut pas dire que la mise en scène brille également par sa science du découpage ou de l’espace, d’autant que le film n’exploite jamais vraiment la potentielle dangerosité de son environnement frappé par le blizzard.


Dans la version de 1982, les personnages se définissaient avant tout par leurs comportements et leurs actes. Ici le réalisateur ne peut pas s’empêcher de les introduire par des dialogues sur-explicatifs liés à leurs domaines et spécialitées. L’actrice Mary Elizabeth Winsted s’avère d’ailleurs assez lisse comparé à son homologue masculin Kurt Russel qui composait un être beaucoup plus complexe et sur lequel reposait de sérieux doutes quant à sa réelle condition d’être humain ou de réplique. Autre bémol et non des moindres, c’est celui de remplacer les effets pratiques par une abondance de CGI, autant dans le déroulement des séquences d’action que dans certains décors (le vaisseau spatial sans âme). La créature protéiforme, véritable star du film souffle quant à elle le chaud et le froid. A son état initial, celle-ci emprunte son design à l’imaginaire lovecraftien ainsi qu’aux arachnides de Starship Troopers. Certaines déformations seront d’ailleurs plus convaincante que d’autres, mais le choix de l’exhiber trop souvent au regard du spectateur fini par désamorcer son potentiel effroi qui ne marche qu’en de rares occasions.


A l’instar du space jokey de Prometheus qui sortira l’année suivante, la créature imaginée par Rob Bottin (fusion de chaire deux visages et d’une dégénérescence organique) lors de la découverte de la base calcinée en ressort désacralisé et c’est surtout ce sentiment qui perdurera jusqu’à la fin du visionnage. Finalement le vrai point fort du film se niche dans le détail et dans cette capacité à reconstituer minutieusement le fil des évènements imaginés par le spectateur sans que ceux-ci ne viennent à jurer avec le bon déroulement de l’intrigue. Le choix d’un casting constitué en grande partie d’acteur scandinave est également à saluer. Mais à vouloir se calquer aux allées et venues de son prédécesseur, à en reproduire les mêmes rebondissements théâtrales et scènes les plus mémorables (le test sanguin trouve ici son équivalent par une habille trouvaille qu’il serait criminel de révéler), The Thing finit néanmoins par ressembler à une pâle imitation, dépouillé de toute part de mystère et de ses sentiments exacerbés (effroi, claustration, paranoïa). Le seul moyen de l’apprécier sera certainement de ne pas avoir vu celui de Carpenter auparavant, car en soit cette nouvelle itération n’est pas foncièrement horrible et reste dans les standards de la production de cette décennie, mais c’est justement tout le problème.


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le 6 août 2024

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