Carpenter, j'aime. Cinéaste du sombre, l'un des meilleurs. The Thing, j'avais déjà vu. Mais certains films doivent être revus. Après, on les comprend mieux.
Des points communs avec Alien
Je ne dis pas que Carpenter soit allé pomper ce bon vieux et prolifique Ridley. Je dis qu'il y a des similitudes et que c'est très bien quand ce n'est pas que ça et que cela sert l'histoire et le spectateur.
Evidemment, un monstre qui se cache. Celui-ci se cache dans la vie, tandis qu'Alien se cachait dans la mécanique (avec, rappelons-nous, cette volonté du réalisateur de faire du vaisseau Nostromo quasiment une symbios organique avec le monstre). Donc, les deux se cachent dans l'environnement.
Un huis-clos : avant un vaisseau spatial, ici une station scientifique dans l'Antarctique. Pour la tension, c'est mieux. Pour appeler à l'aide, c'est plus compliqué.
On ne sait pas comment tuer le monstre : le feu semble une bonne solution, mais après analyse, ce n'est qu'un répit.
Surtout : vaincre ou mourrir, pas d'autres alternatives. Et comme on l'a vu, vaincre, c'est pas simple.
Une vision beaucoup plus sombre et originale qu'Alien
Le xénomorphe n'est au fond qu'un super-prédateur super-fourmi sans vraie volonté de domination. Simplement, vivre, se nourrir, assurer la poursuite de l'espèce, comme tout animal.
The thing, bien qu'également extra-terrestre (pas de spoil, on le comprend dès le début), vient elle (ou lui) pour apprendre de l'homme (et le dominer ? Ce n'est pas dit, mais c'est probable, car, il y a dans the Thing une intelligence supérieure).
La paranoïa, déjà partiellement développée dans Alien, est beaucoup plus puissante ici : en effet, personne ne sait qui est possédé par cette chose. Dans Alien, on comprend vite qu'il n'a a priori qu'un allié objectif. Le reste du film consiste à aligner le reste de l'équipage sur la bonne stratégie à mener.
Une fin beaucoup plus ouverte
Les deux fins sont cultes. Mais l'une est surtout due à la culotte trop petite de Ripley et à la victoire de la femme, qui est comme on le sait tous, l'avenir de l'homme.
Dans The Thing, il y a des indices (que moi, je n'ai pas vus, mais que j'ai lus après coup), mais en réalité, on ne connait pas la fin. Où est la chose, l'un des survivants est-il la chose ? Peut-on sortir de cette panade mortelle ? C'est sombre, et c'est parfait.
La SF est sans doute un genre très sous-estimé (ça va mieux, depuis quelques années) pour dire des choses de notre présent. La SF horrifique sans doute encore plus. Mais quand elle atteint des sommets comme dans ce film, en contester la potentielle valeur cinématographique relève au mieux du déni, au pire du réactionnariat.