C'est au dernier moment que j'ai ressenti une déception. Pendant presque tout le film j'ai été captivé, ce film me disais-je est remarquable à la manière d'un Antonioni où toutes les questions sont posées mais jamais les réponses. Les acteurs vivaient ce qu'ils nous faisaient éprouver, il y avait de la tension à partir de rien et ce rien, quel exploit, soutenait le film de tout le poids de son mystère. Et tout d'un coup, patatras, survient une ébauche d'explication, et pourquoi une explication et de plus quelle explication passe-partout puisqu'il semble s'agir d'un inceste, le méchant, en vérité introuvable, était bon en vérité et l'avocat, qui lui aussi a une fille, mortelle symétrie comme dirait Primo Levi, a ressenti dans sa chair ce qu'il ne pouvait prouver rationnellement.
J'ai lu un extrait d'interview du réalisateur. Si j'ai bien compris, il s'agit successivement dans cette histoire d'un crime par haine commis il y a trente ans puis d'un crime par amour puisqu'en 30 ans, c'est vrai, un homme n'est plus le même... C'est là que le bât blesse comme toujours, le plan préétabli se joue de notre libre arbitre et nuit à l'exercice de notre pensée. Et même si la justification donnée n'est pas la justification, elle s'est malgré tout imprimée dans notre esprit par son réalisme excessif.
C'est quand même dommage de devoir critiquer un film qu'on aurait pu aimer sans restriction.