Où est passée la grande échelle ?
De l’aveu même de son réalisateur Kim Ji-Hun, The Tower est inspiré du film américain La Tour Infernale (1974) de John Guillermin dans lequel un incendie se déclenchait au 135ème étage du plus grand gratte-ciel du monde. Et effectivement lorsqu’on regarde le film, la comparaison est évidente et appuie les dires de certains comme quoi le cinéma coréen ne serait pas original. Cela ne l’a pas empêché de réaliser le 2ème meilleur démarrage de tous les temps en Corée et de dépasser les 5 millions d’entrées en même pas un mois.
C’est vrai que The Tower ressemble comme deux gouttes d’eaux à n’importe quel gros blockbuster US de catastrophe et qu’il ne cherche à aucun moment l’originalité. Après un début ultra laborieux où on assiste pendant 30 bonnes minutes à des scènes de vie dans cette tour censées nous faire faire connaissance avec les personnages, mais qui au final sont des plus inintéressantes, dès que l’incident arrive, le film va essentiellement se contenter d’enchainer les scènes de bravoures des pompiers de Seoul où ils vont fièrement lutter contre le feu et sauver des vies. Bien entendu, tout cela sera mis à scène à grand renfort de ralentis bien appuyés (pompeux diront certains) lorsque par exemple un pompier se fait presque avaler par un retour de flamme sur fond de musique très héroïque.
On s’aperçoit de plus très rapidement que le scénario ne va nous réserver aucune surprise et on devine aisément à l’avance quels personnages survivront et lesquels périront par les flammes. Ca en devient même assez frustrant vu la durée assez conséquente du film de se dire qu’il ne nous surprendra à aucun moment, et ça sera effectivement le cas.
C’est dommage car certaines scènes sont réellement impressionnantes, bien entendu à grand renforts de CGI dans l’ensemble assez bien fichus, mais il faut savoir que l’équipe du film a construit tout de même 26 décors différents (la passerelle de verre, les ascenseurs, certains parties d’étages) afin de rendre l’ensemble plus réaliste et d’éviter de trop tourner sur fonds verts. On sent réellement l’envie de créer quelque chose de bien et les moyens y ont été mis (le budget du film s’élève à 9.3M US$).
Le casting y a même donné de sa personne et certains acteurs ont voulu réaliser eux-mêmes les cascades sur certaines scènes sans utiliser de doublure comme dans la scène finale dans les gros containers d’eau. Le casting est par ailleurs trois étoiles avec en tête l’excellent Sol Kyung-Gu (Public Enemy, Troubleshooter) dans le rôle du pompier en chef qui retrouve d’ailleurs ici le charismatique Ahn Sung-Ki, dans un petit rôle, avec lequel il avait déjà tourné sur Silmido. Les autres ne sont pas en reste hormis quelques faux pas de Lee Han-Wi qui en fait des caisses dans son rôle de religieux au point que ça en devienne ridicule. Mention spéciale à la petite Jo Min-Ah qui du haut de ses 9 ans lors du tournage du film est totu simplement criante de vérité.
Au final The Tower est une bien belle déception, dans le sens où il n’apporte strictement rien au genre « Film de Pompier », en se contentant d’être un blockbuster assez lambda, certes assez spectaculaire mais dénué de tout enjeu dramatique tant il est prévisible. Il aurait de plus mérité d’être un peu plus court ce qui lui aurait permis d’avoir un rythme un peu plus soutenu et de gagner peut-être un peu en intérêt.
Après son navrant et excessivement mauvais Sector 7, Kim Ji-Hun nous pond un bien trop moyen The Tower. Espérons que son prochain film relève un peu la barre.