The Tree of Life par TheMrOrange
Mr Orange: Que penser d'un OVNI pareil?! Dur à définir...
Comme tout OVNI qui se respecte, il faut avoir l'esprit ouvert de Mulder devant ce film, tout cerveau cartésien à la Scully se bloquera devant la bête. Et comme tout OVNI qui se respecte, la trame du film est complètement déstructurée... au point de s'offrir une bonne méningite. Heureusement, le film s'ancre sur un tronc principal: l'enfance de la fratrie vue par l'ainé, ce qui doit représenter 1h20 des 2h20 de film. Mais alors autour de ça, c'est tout simplement un joli foutoir... non, un bordel monstrueux: images subliminales, ultra-flasbacks, flashforwards... tout ça avec une caméra psychédélique qui flotte, oubliant toute règle de gravité... au rythme d'une douce musique classique.
"The nuns taught us there were two ways through life – the way of nature and the way of grace. You have to choose which one you'll follow."
Le film relève d'une poésie sans fond, les images sont simplement sublimes, ultra-maîtrisées, jonchées d'introspections de la part des personnages... bref, on atteint un niveau d'analyse métaphysique sur le sens de la vie, les rapports familiaux, les questions de vie et de mort assez dingue, à la limite du vomi philosophale... frôlant d'un peu trop près avec la question du divin créateur avec un point de vue bien trop orienté.
Pour revenir sur nos 2 zozos d'acteurs bankables:
- Sean Penn décroche à peine un mot, la plupart du temps en voix off, sa présence à l'écran se limitant à des promenades psychédéliques, entre urbanisme ultramoderne et étendues sauvages désertiques.
- Brad Pitt, bien que tenant un rôle majeur avec du texte, des vrais scènes et le jeu d'acteur qui va avec le bonhomme... il sait se faire attendre. C'est simple, il décroche à peine un mot pendant les 45 premières minutes, avant qu'on atterrisse sur la planète "trame-quasi-linéaire"... ouf, on a eu chaud!
Arrêt sur (les) images: le film est criblé d'une nombre astronomique d'images totalement random, plus ou moins gratuites, plus ou moins chargées en signification, mais systématiquement synonymes de perfection visuelle. Et parmi cette tambouille inimaginable, nous avons droit à un petit cours sur les origines de la vie. Bah oui, ça s'appelle The tree of life, pas besoin d'être une lumière pour faire le lien. C'est donc sans aucune mise en garde qu'on se prend dans la face une séquence de... 20 minutes à vue d'nez sur les origines de l'univers. Du Big Bang aux dinosaures. Oui oui, il y a bien Denver le dernier dinosaure. Attention, ça veut dire 20 minutes sans dialogues et une voix off quasi inexistante, mais de "simples" images accompagnées de musique classique. Nébuleuses, organismes primaires évoluant dans l'eau, éruptions volcaniques, lacs acides. Avec un peu de connaissances et d'imagination, on reconnait l'apparition de végétation sur terre, on remarque l'oubli du monde à ARN et bactérien, on s'émerveille à la vue de la vie intracellulaire, on s'offusque de la métaphorisation du passage des premiers animaux à la vie terrestre par l'apparition gratuite d'un énorme plésiosaure sur une plage ou de l'attitude fort anthropomorphe d'un prédateur qui épargne sa proie impuissante... et on je m'offusque du choix de la théorie du météore pour rayer les dino de la carte.
Oui, l'évolution toussa toussa est mon petit dada....
Pour les névrosés, ceux pour qui une nuit Rocky, une nuit Lord of the Ring version longue... ou une semaine Godzilla ne fait pas peur, T. Malick est en train de concocter une version longue de... 6h... surement très beau toussa toussa... m'enfin déjà que 2h20 ça fait beaucoup... alors là...
Bilan, c'est une expérience cinématographique très particulière et tangent vers l'indigeste. Personnellement, je suis partagé. Les avis allant du chef d'oeuvre ultime au viol cinématographique selon les spectateurs: ne pas voir à l'aveugle, s'assurer d'une réceptivité minimale à l'oeuvre et ne pas hésiter à profiter d'une bonne nuit et/ou des effets de stimulants: caféine, théine... voire cocaïne.
La vérité est ailleurs...