Palme d'or un brin controversée de l'année dernière, "The tree of life" est sans nul doute le film le moins accessible de Terrence Malick, ses fans y voyant l'apothéose de son cinéma quand les autres y voient ses limites. De la création de la terre (incroyables effets visuels) aux souvenirs d'enfance d'un homme confronté au deuil en passant par le règne des dinosaures, le nouveau film de Malick ne parle rien de moins que de la vie en elle-même, de la dualité qui l'imprègne, de ce savant mélange de chaos et de grâce infinie qui a donné naissance à toute chose, de cette imprévisible compassion qui peut éclore d'une créature censée être impitoyable et du tiraillement d'un enfant testant sans cesse ses propres limites, pris en étau entre la haine qu'il voue à un père autoritaire et insatisfait (Brad Pitt, imposant) et à l'amour qu'il porte à un mère bienveillante (Jessica Chastain, angélique). Terrence Malick pousse sa conception du cinéma dans ses derniers retranchements, le spectateur ne pouvant se raccrocher qu'à un infime embryon d'intrigue, "The tree of life" étant avant tout un poème visuel sensitif, où Malick aligne des images marquantes d'une beauté renversante comme on en voit rarement sur un écran, fusionnants en parfaite harmonie avec une bande originale divine. Exigeant et parfois maladroit, à l'image d'un final casse-gueule, "The tree of life" est certes le film le moins aboutie de Malick, mais reste un très grand film qui enterre les doigts dans le nez la majorité de la production actuelle. C'est dire le génie du bonhomme !