"Je ne lui en veux pas. Demain, je vérifierais si elle veut encore me parler..."
Tout d'abord, sachez qu'il y a trois versions de ce film: version grand public, version longue, et bande-annonce, si vous avez déjà vu la bande-annonce, pas la peine d'aller plus loin, vous avez vu et compris l'essentiel.
je ne vais pas vous raconter le contenu de ce film, d'autres surement plus talentueux que moi l'ont fait, l'important c'est ce qui se passe après. Laissez moi vous conter mon expérience...
je sors de la salle d'un cinéma d'art et d'essai, cette même salle où j'ai vu tant de grand films, regarde ma montre, un rituel, 23h50...Putain, je le sais bien pourtant qu'il est 23h50, j'ai du regarder ma montre une bonne trentaine de fois pendant ce film, enfin on échappe pas aux habitudes. Je n'ose pas regarder en face l'amie que j'avais convaincue pour venir avec moi, mon regard se porte donc sur les autres ex-spectateurs, leur visages, leurs yeux, on voit qu'ils sont perdus, sans doutes était-ce la même expression sur les visages des poilus après la Grande, de retour dans un monde qu'ils n'osaient plus espérer revoir. Et le silence omniprésent, pesant, j'ai l'impression que quelque part au fin fond de mon cerveau j'entends toujours la BO du film, la voix stridente de Brad Pitt, merde, combien de temps ça va durer? Il va falloir que je fasse une thérapie pour m'en débarrasser?
Une voiture passe et brise cette ambiance, enfin, jamais je n'avais était aussi content d'entendre le bruit poussif d'un diesel des années 90. Les autres sortent également de leur stupeur, la vie reprend.
-"On rentre?" Me dit mon amie
-"Je t'offre un coup a boire avant?"
-"Je préférerais pas" Je ne lui en veux pas. Demain, je vérifierais si elle veut encore me parler...
Les jours passèrent, la cicatrice que m'avait laissé The Tree of Life se refermait lentement, sans gangrène, d'autres eurent moins de chance...
Un jour, peut être un mois après l'avoir vu (j'ai du mal a me remémorer cette partie de ma vie), je décide d'en reparler, lors d'une soirée, à l'énonciation du titre, j'ai pu observer trois types de comportement: ceux qui me regardent avec des yeux ronds ("heureux les innocents"), ceux dont le seul nom met mal a l'aise, j'ai même un ami qui a vomi a ce moment, je ne sais d'ailleurs toujours pas si le fait qu'il ait ingurgité les 3/4 d'une bouteille de téquila et son poids en bière y était pour quelque chose. Mais la réaction de la troisième catégorie....
-"Ha ouai? Tu l'as vu toi aussi? génial non? sans doute le meilleur film de ces dernières années."
-"Je ne suis pas sur de bien te comprendre, on parle bien du même?" Me risquais-je.
-"Il n'y en a pas deux comme ça, un chef d'œuvre de poésie, une leçon d'art moderne"
Merde... Et moi qui pensais que ce n'était qu'une pub pour dieu destiné a des américain ayant passé leur enfance dans une famille ultra croyante habitant dans une banlieue quelconque au milieu des années 50... Chiotte...
-"Jo, ça va?"
-"Hé!! Jo!"
-"Réponds nous bordel, tu nous fais peur"
-"Quoi?"
-"Ben putain... Ca fait 20 minutes que t'as le regard dans le vide... T'as même commencé a convulser."
-"Excusez moi les gars, je vais rentrer chez moi je pense".
Des gens avaient aimé ce film, adoré même. C'est peut être chez moi que ça ne tourne pas rond. Après tout, c'est une palme d'or du festival de Canne ce truc.
Ya pas a dire, ça me turlupine, je vais sur mon pc et commence a enquêter, vous savez se genre de moment où l'on se prend pour Sherlock du style: "merde, qui m'a piqué ma brosse à dent"?
Bon, a la vue de certains commentaires il y en a qui ont vu ce film sous acide, ou LSD, non... Pas assez fort, une nouvelle drogue surement, il faudra que je me renseigne plus tard là dessus, je commence a tourner en rond avec mes cachetons habituels. Bref.
Des mois que je suis dessus, toujours rien, soudain, l'affreuse vérité me tombe sur la gueule à l'instar d'une fiente de pigeon sur un touriste visitant la place saint marc a Venise..
Des ploucs! Ces enfoirés ont fait de nous des ploucs!!
Souvenez vous, aux expos d'art moderne, les abrutis hautains qui vous expliquent qu'il y a une explosion de couleur et de sentiments là où vous, pauvre humain lambda de la masse populaire, vous ne voyez que des carrés rouges superposant des rond jaunes. Ca y est? vous voyez de quoi je parle?
Ceux qui vont vous dire que Tree of Life (summum du snobisme: ToL) est une œuvre métaphysique et artistique se font mousser en voyant nos tronches déconfites, ils se regroupent en cercles restreint pour se donner de l'importance et rient de notre pauvreté culturelle.
Ils avaient dit: il faut redorer l'image du festival de Canne... Voila qui est fait, messieurs, votre palme d'or est un enchevêtrement incompréhensible et sans but d'images. Voila qui est fait, passer 2h18 a faire une apologie du créationnisme, c'est un summum. Voila qui est fait, vous pouvez maintenant nous regarder de haut en disant: "j'ai aimé Tree of Life".
Maintenant, si je veux de la belle musique, j'achète un disque, pour de belles images, je feuillète le dernier yann arthus bertrand. Mais plus jamais je ne regarderais un film dans ce genre.