Un objet autre que le cinéma ...
Premièrement, cette note ne me convient pas, aucune ne me convient de toute façon mais à défaut je lui mets celle-ci ...
D'abord je ne connaissais pas vraiment Malick il y a encore un ou deux ans. Je n'avais de lui que des échos plutôt négatifs et puis je suis arrivée sur senscritique et j'ai découvert qu'il était dévastateur dans les sentiments qu'il créer soit amour ou désamour. Un gouffre profond entre lui et un public qui tente de se l'approprier parfois en vain... De mon côté je ne sais que penser depuis que je l'ai vu. Je suis presque "perdue"
"Tree of life" est donc mon premier Malick. Je me suis laissée couler. C'est un film déstabilisant je trouve (peut-être moins quand on connait son univers). Je me suis posée des questions dans les premières minutes de "la Terre vue de Malick" (oui j'appelle ces 20 minutes ainsi) mais en fait je me suis dit qu'il ne fallait pas (se) poser de question, se laisser bercer, j'en ai marre des questions de toute façon, un film peut aussi être autre chose.
Ici, quand "l'histoire" se développe, c'est encore un tour de passe passe, rien de formel, juste ces voix qui murmurent, nous emprisonnent, nous entourent. Ce sont des êtres qui cherchent un sens à leur vie sans en trouver vraiment et qui se posent des questions bref des êtres humains quoi !
On est vraiment pris au piège, au sens où le discours sur la religion est ambigu, à la fois remise en cause, doute mais aussi "prêche" (elle "offre" son fils à dieu à la fin tout de même) mais en même temps c'est un être parmi d'autres, on peut adhérer ou non à sa croyance. Le plus intéressant du film restant l'apaisement et la contemplation. Voilà, je n'ai pas été transcendé par ce film mais apaisé, c'est déjà beaucoup.
C'est un film comme je n'en ai pas l'habitude, tout neuf, beau, comme dans un écrin. Paradoxalement, les films que j'aime ont tous un univers entier, complet, à part. Mais ici, on est plus du tout dans un objet commercial ou à visée d'exploitation, presque plus dans du cinéma. Ce n'est pas péjoratif. C'est un au delà. Une forme unique qui, privilégie, à mon sens, un visionnage unique. C'est une expérience totale, qui se vie en direct, quelque chose d'indescriptible et qui trouve un achèvement dans la plus que magnifique (mais très controversable) scène finale. On traverse tous ces thèmes de la vie et nos sens sont bouleversés littéralement (même si les thèmes abordés et la trame de fond restent très classiques, c'est la forme qui éclate, la dissociation des deux est ce qui m'a le plus dérangé, je pense).
Pour conclure, je dirais que c'est un état filmique extrême où se mêle l’aboutissement d'une réflexion, de vies et c'est bien au delà du cinéma, ça en fait partie tout en étant autre chose.
Et les personnages deviennent à la fin comme des fantômes, ceux de nos vies, de notre enfance, ils errent dans nos têtes, ils se dessinent comme des silhouettes. C'est en ça que c'est plus que du cinéma mais une véritable expérience sensorielle et surtout psychique.... Un objet visuel qui hante finalement mais qui me laisse dans un profond scepticisme que je ne peux m'ôter de l'esprit en même temps que le film ...