On me l'avait bien et mal vendu avant d'aller le voir. J'y allais donc comme un arbitre, il fallait que je me positionne. Allais-je aimer? Allais-je détester? Aussi me sondé-je durant le film, introspection sur l'introspection.
Qu'est "The Tree of Life" ? Un film de croyant. Pas un film religieux, mais un film sur Dieu.
Une vision personnelle sur le fonctionnement du monde, en voyageant à différentes échelles, celle de l'espace, celle du temps, et celle du vivant.
Comment "raconter" Dieu? Terrence Malick veut son film accessible, aussi prend le parti d'un métrage de durée classique (2h20), et d'une esthétique qui emprunte au new-age, à "2001 l'odyssée de l'espace", et à Virgin Suicides. On peut saluer le courage de cette "mise à nue" d'une vision somme toute personnelle de ce qu'est le monde et la place qu'y a l'homme, d'ordinaire abordée à 18 ans en fin de soirée. On peut aussi se questionner sur la sincérité de cette exposé, un peu trop poli, un peu trop classique. Mais qu'importe, Terrence Malick est au commande, il sait raconter une histoire, et il sait aussi ne pas en raconter. On se laisse glisser dans ces couleurs, on imagine être vraiment sous cet arbre, sentir le doux vent du soir. On feint de ne pas voir le grossier de certaines références et le déjà-vu pour s'immerger pendant la première heure dans son panorama du monde, visuellement splendide.
Puis vient l'homme. 1 heure pour le monde, 1 heure pour l'homme, deal. L'homme, ce monde à lui tout seul, opaque au regard, multiple, "l'un selon la nature, l'autre selon la grâce". Monde dans le monde, soumis à ces mouvements incompréhensibles. J'aurais pu vous expliquer ce que j'avais compris en sortant du film, mais j'avoue que j'ai oublié. Il y a beaucoup de choses, d'idées pas forcément neuves, mais foisonnantes, sur la relation entre le progrès et la nature, la société et l'homme, la sincérité envers soi-même,.etc...
Et je ne sais pas ce qui se passe à la fin, mais on part en live sur la mort, et tout ce qui passait bien au début devient immensément lourdingue. On baille, on attend. On prie que ce fondu au noir soit le dernier, qu'on voit s'afficher le salvateur "directed by TERRENCE MALICK" qui nous permettra d'aller boire un coup et nous épargnera les scènes de danse sur la plage de la vie, les "Dieu, pourquoi?" murmurés, et le 70ème plan "rayon de soleil à travers les feuilles des arbres".
En vingt minutes, Terrence perd tout le bénéfice des 2 premières heures, et sa vision apparait pataude et grandiloquente, surfaite. De psychédéliques-planant à stimulant intellectuellement, le film finit par virer dans le vomito new-age de bas étage. J'ai eu peur qu'une licorne débarque sur la plage !
Alors, en lieu et place d'un arbitrage binaire je me retrouve avec un jugement bâtard: The Tree of Life est en gros un truc bien mais raté. Je ne peux pas mettre moins que 6/10, car visuellement ca tabasse, et que j'ai mis 5/10 à Elephant pour les sublimes plans de couloir alors que j'ai détesté le fond. Et je ne peux pas mettre plus parce que la fin débilise l'ensemble.