Dès les premières minutes, Malick explique clairement sa thèse : il y a deux moyens de parvenir à Dieu, par la nature et par la grâce, représentées respectivement par le père (Brad Pitt) et la mère (Jessica Chastain). Le film met donc en scène ces deux notions et c'est là que le bât blesse : parler de tels sujets est extrêmement complexe. Car si le thème du film est assez simple, son traitement se traduit à l'écran par une esthétique magnifique mais absconde.
Ce film est sompteux. La photographie est probablement l'une des plus belles que je n'ai jamais vu. La scène de la création de l'Univers est extraordinaire, une des plus époustouflantes de toute ma vie, digne de 2001, c'est dire (et cela n'a rien du hasard, Douglas Trumbull, consulté par Terrence Mallick pour l'occasion avait déjà réalisé les effets visuels et spéciaux de 2001 mais aussi de Blade Runner). Cette scène à elle seule justifie le visionnage de ce film. L'espace, le noir, des nébuleuses, de l'eau, de la lave qui s'écoule avec colère sous un magnifique Lacrimosa composé par Preizsner. Le film atteint des sommets picturales, c'est une fresque immense et symbolique. La musique utilisée renforce cette vision dans une sorte de mystique religieuse qu'utilise Mallick avec délice.
L'histoire est terrifiante, sur l'enfance, sur la vie, sur la nature, sur la mort, sur la religion, sur l'éducation, sur Dieu. Le nombre de thèmes brassés est inquantifiable. Le film déborde d'ambition. Mais Mallick s'en sort bien. A la manière d'un Kubrick il sait effleurer les choses sans les dénaturer. Il laisse l'image parler, le son montrer. Le film est au-delà de la vision de son réalisateur, c'est une expérience. Le casting est impeccable, Brad Pitt est touchant de justesse en père sévère mais profondément croyant, Jessica Chastain m'a bercé de ses réflexions métaphysiques et de son silence, et Sean Penn est excellent, fidèle à lui-même. Les enfants ne sont pas en reste. Parvenir à jouer de tels rôles, dans un film aussi complexe, c'est admirable. Le film est tragique : il parle de la perte pour une mère, pour un père, pour un frère d'un être cher dont le fantôme hante encore les coeurs blessés. Comment se reconstruire ? Comment continuer ? Il s'interroge aussi sur des questions lancinantes et si humaines : le mystère de l'existence, l'injustice de la mort et comment Dieu choisit pour nous. Peu, pour ne pas dire aucun réalisateur actuel ne peut parler avec autant de génie de tout cela à la fois.
The Tree of Life est un des rares films sur lequel je ne sais que dire. Déroutant, d'une profondeur incroyable, d'une richesse infinie, il m'a laissé sur le carreau, perplexe, sans voix. Je ne peux pas lui mettre 10 pour cette raison car mon expérience en tant que spectateur a été très étrange et à vrai dire par moment dérangeante. Le film est néanmoins bouleversant et par moment m'a subjugué. Il est une sorte d'au-delà, d'absolu cinématographique, une véritable oeuvre d'art qui ne se laisse apprécier qu'après plusieurs visions. Je me dois donc de le revoir pour en juger à nouveau. Une chose est sûre : Malick est immense. La Ligne Rouge m'avait bouleversé. The Tree of Life m'a subjugué. The Tree of life c'est un peu les racines d'un arbre, immense et luxuriant qui nous mène vers la grâce, vers le ciel.