Une Œuvre à l’envergure démesurée qui ne tient pas ses promesses

Tout a déjà été dit ou presque concernant The Tree of life. Chef d’œuvre pour les uns, réalisation grotesque et terriblement longue pour les autres, le cinquième long-métrage de Terrence Malick a au moins eu le mérite de ne laisser personne indifférent. The Tree of life peut être qualifié comme l’œuvre ultime de Malick, celle où son côté métaphysique, son rejet des dialogues conventionnels et sa photographie atteignent leur point culminant.


The Tree of Life avait toutes les cartes en mains pour devenir un des grands films du septième art mais son intrigue mollassonne, entrecoupée de nombreux plans de l’univers constituent un trop gros handicap. D’autres réalisateurs ce sont également intéressé au cosmos et à la place que peut occuper l’homme dans son immensité ; Mike Cahill dans ses deux perles I Origins et Another Earth, Lars Von Tiers avec le controversé Melancholia, Darren Arrenofsky et son splendide The Fountain et bien évidemment Stanley Kubrick et le cultissime 2001 L’Odyssée de l’Espace. Sur la forme, The Tree of life est sans doute l’œuvre la plus aboutie, la plus visuellement bluffante, mais quel dommage que le scénario ne soit pas du tout à la hauteur.


Les questionnements permanents sur la nature profonde de l’homme, sur sa place dans la genèse du monde, censés exalter notre inconscient, finissent par nous perdre. Malick donnant le sentiment de se livrer à des réflexions personnelles quitte à les rendre inaccessibles pour le commun des mortels.


La volonté d’inscrire ce drame familial dans une représentation métaphorique de l’existence se révèle d’une ambition qu’on peut qualifier de démesurée. La sensibilité, apanage du réalisateur américain déserte progressivement son film et la complexité cosmique de l’intrigue finit par lasser un peu à l’image de Take Shelter. Même image d’une nature mythique, proche de la genèse. Mais là où Jeff Nichols offrait un questionnement sur les peurs de l’âme humaine, Malick se contente d’une exploration superficielle, très formelle et qui ne transcende en rien notre image de l’humanité.


Un autre gros défaut du film est l’utilisation décevante du casting. Pourtant avec Brad Pitt, Sean Penn et Jessica Chastain, il y avait matière à mieux faire. Seul Brad Pitt tire son épingle du jeu en père de famille violent et tourmenté, aimant ses fils mais ne sachant pas comment transmettre cet amour et qui finit par se murer dans la froideur ou pire encore, la violence. Jessica Chastain dans le rôle de mère de famille aimante est trop effacée bien que son jeu de corps soit comme d’habitude impeccable. À l’inverse Sean Penn peine à nous convaincre de la nécessité de son personnage dans le cours du récit. Comme Javier Bardem et Rachel McAdams dans À la Merveille, Malick ne parvient pas à intégrer ses personnages secondaires dans une narration fluide, donnant plutôt le sentiment de les ajouter par obligation.


La ballade sensorielle reste l’atout majeur du film mais elle est bien insuffisante pour rivaliser avec ses précédentes productions. La mise en abîme, d’habitude pourtant son point fort (on se souvient de l’histoire d’amour entre Pocahontas et John Smith dans Le Nouveau Monde ou l’absurdité de la guerre du Pacifique vu par les yeux de soldats américains perdus dans La Ligne Rouge) est complètement ratée.


Œuvre à l’envergure démesurée, The Tree of life n’assume pas ses promesses grandioses et déçoit même fortement. À classer dans la catégorie des films “brainwash” au côté de Under the Skin, 2001 l’Odyssée de l’Espace ou Enter the Void.

Paul_Gaspar
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le 21 avr. 2021

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