Le film débute, le logo d'EuropaCorp s'affiche sur la toile. On se demande s'il y aura une Audi, un gros black et une pute. Point de cela finalement, simplement les 138 minutes les plus longues de ma vie.
Ballet emphatique et bordélique de nébuleuses, gratte-ciels, branches d'arbres, molécules, galaxies, magma, dinosaures, entrecoupés de scènes de vie des années 50 sans lien, ni liant, The Tree of Life aime perdre ses spectateurs. On pense alors à Koyaanisqatsi, à Baraka, à un trip cosmique sous la forme d'une interminable méditation cathartique sur la Nature et la Grâce, la religion et la violence, certains des thèmes chers à Terrence Malick. La comparaison avec 2001 surgit aussi rapidement tant les similitudes visuelles sont marquées. La première réaction qui vient cependant à l'esprit à la fin du film est "tout ça pour ça ?".
L'esthétique du cinquième film de Malick et l'utilisation particulièrement créative de la steadicam est une franche réussite, à n'en pas douter. Mais un film beau ne fait pas nécessairement un beau film. Sa faiblesse tient en fait dans sa démarche trop ambitieuse, radicale et déstructurée. Chaque séquence a ici pour unique but d'asséner inlassablement – et très lentement – le symbolisme quelque peu naïf de The Tree of Life. C'est la raison d'être du film, de chaque scène, de chaque plan, en faisant fi d'une quelconque cohérence. Or, le dernier Malick ne brille pas vraiment par sa finesse: les dinosaures anthropomorphisés, les innombrables bondieuseries, le revirement soudain du père violent, le mimétisme et le complexe œdipien du fils, l'ascenseur guidant Sean Penn jusqu'à cette malheureuse séquence finale de l'empyrée... tout est vain et terriblement laborieux.
Bref, si j'aime beaucoup The Thin Red Line et malgré le talent et la sensibilité indéniable de Malick sur le plan formel, j'avais déjà eu quelques difficultés avec son précédent film, le déjà trop long The New World; j'en ai encore plus avec les délires cosmico-mystiques flirtant avec les formes les plus paroxystiques du grandiloquent et de l'ennui. La prochaine fois, Terrence, réalise plutôt un documentaire pour National Geographic ou bien change de disque.