Les tripes
Un double parti-pris (esthétique et sémiotique, ou linguistique) préside le premier long-métrage de Myroslav Slaboshpytskiy, cinéaste ukrainien remarqué et lauréat de deux Ours d'or du court-métrage...
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le 17 oct. 2014
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J't'écoute pas, t'existe pas, alors vas-y parle à ma main !
Le parallèle avec la fantaisie de Fatal Bazooka semble hors-sujet ? Oui et non. Ce film, très radical forcément, fonctionne pourtant sur ce système dur : les personnages ne s'écoutent pas, n'existent pas, et ne peuvent que remuer les mains pour tenter de s'exprimer. Ce qui amène à plusieurs situations très dérangeantes dans le film, auxquels on n'aurait jamais pensé avec un autre handicap. Sur l'idée basique, il n'y a rien à reprocher : c'est une vraie proposition cinématographique. Le mouvement à l'état brut, l'image a tout à donner, on ne s'encombre pas de dialogues sans non plus tomber dans le muet. C'est un sujet en or pour les mecs du son ! Très méticuleux sur ce point en tout cas, tout comme la photographie. J'avoue m'être attardé sur la technique du film comme je le fais rarement, preuve selon moi d'une grande qualité esthétique. Même les effets spéciaux : mine de rien, je les ai trouvés fichtrement bien foutus. Y'a pas besoin de sortir des aliens pour impressionner avec des effets ! Les mouvements de caméra, lorsqu'elle bouge (la plupart des scènes sont des plans-séquences), sont inventives et très adroites. Rien que le plan de l'escalier en extérieur, avec le cadreur qui remonte puis redescend, en gardant toujours le point sur le personnage... Exercice compliqué, mais réussi. Par contre, le réalisateur a fait selon moi une très grave erreur dans sa mise en scène. Les trois quarts des plans (et encore je suis large), sont des plans généraux. Ce qui fait que j'ai attendu 20 minutes pour identifier totalement le visage du protagoniste. J'ai attendu 40 minutes environ pour celui de la nana dont il est amoureux, pareil pour son acolyte. Les autres, j'ai pas identifié. Et ça, ça ne passe pas : on peut pas s'attacher émotionnellement au film, ni au personnages, ni à l'histoire. On est distancés de tout ça. On n'est même pas en position d'espion, de voyeur, ou de complice : on est des omniscients, et c'est tout. Je trouve ça terriblement dommage. Le scénario avait l'air d'avoir des bases béton, mais je n'ai pas été emporté à cause des choix de cadrages. Et cette distanciation, qui rend encore plus inaccessible ce film, m'a poussé à l'ennui ferme sur plusieurs scènes. Certaines sont absolument grandioses, comme la fin par exemple, ou le premier acte sexuel du héros dans un entrepôt sordide à souhait, mais la plupart ne se différencieraient pas sans l'apport du sourd-muet.
Mais je souhaite voir d'autres films sourd-muet, et sans sous-titres. Il faut persévérer, explorer cette piste qui est tout-à-fait "cinématographicable". En attendant, désolé The Tribe : tu n'es pas dans ma liste d'amis.
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