(Vu au festival Itinérances)

Il suffit de quelques minutes à Michael Winterbottom pour nous rendre attachants ces deux zigotos.

D'un côté, Steve Coogan, geignard, perpétuel insatisfait à tendance condescendante, est anxieux pour la suite de sa carrière.

De l'autre, Rob Brydon, type simple et sympathique, exaspère un peu par ses incessantes imitations (ce qui en bon anglais se dit "impressions", figurez-vous).

Les deux compères abandonnent donc (... ou pas) femmes et enfants pour un road trip d'une semaine en direction du nord de l'Angleterre, ponctué par des escales dans les meilleurs restaurants de la région.

Cette excursion sert de prétexte à Michael Winterbottom, visiblement attaché à cette région ("North has an identity of itself", fera-t-il dire à Coogan), pour en filmer les plus saisissants paysages, et rendre hommage à quelques uns des plus grands auteurs anglais (Coleridge, Wordsworth, Bronté) associés à cette partie du pays.

En filigrane, transparaissent les vies privées de ces deux quadragénaires tous deux issus du show-business, mais qui ont choisi des trajectoires différentes : Brydon semble avoir ravalé ses ambitions pour devenir un père de famille aimant, tandis que Coogan enchaîne les déboires sentimentaux et les frustrations professionnelles.

L'intimité entre les deux vieux amis perdus de vue offre de croustillantes scènes de chamaillerie : pour s'arroger la meilleure chambre de l'hôtel, pour rivaliser de culture littéraire et scientifique... Surtout, c'est l'une des principales réussites du film, les scènes de déjeuner dégènérent en de mémorables joutes verbales, au contenu totalement surréaliste - la voix de Michael Caine ("he... speaks... very... very... slowly"), l'interminable remake de James Bond contre Goldfinger - qui rappelle immanquablement le meilleur de Tarantino, par ailleurs cité dans le film.

Attachant, drôle, hilarant, même, par moments. Incontestablement, le meilleur film de la sélection qu'il m'a été donnée de voir.

Bigrement envie de voir la série TV, moi, maintenant !
beebee
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le 29 mars 2011

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