En deux lignes :
Truman Burbank, un agent d’assurance à l’existence paisible et méticuleuse, est à son insu le héros d’une émission de télé-réalité. Mais ses rêves ne cadrent pas avec le scénario du Truman Show…
Et en un peu plus :
Toute la tension de The Truman Show tient dans le nom de son protagoniste.
Truman, comme son prénom l’indique, est le seul être authentique de Seahaven. En effet, ce qu’il croit être une petite ville insulaire et proprette est en fait un gigantesque studio de télévision, truffé de caméras et de micros, peuplé d'acteurs et de figurants. Dans cette impossible bourgade où même la météo obéit aux contraintes du scénario, « il n’y a rien de faux chez Truman lui-même. Pas de script, pas de prompteur. Ce n’est pas toujours du Shakespeare, mais c’est authentique. » Tel est le pari de Christof, le réalisateur de l’émission : la candeur de Truman fascine le public. De son sofa, d’un bistrot, de son boulot, de sa baignoire, même, on le suit. Constamment. Par milliers. Si la fonction existait, on le likerait.
Truman est ainsi l’exact contraire d’un youtuber ou de qui participerait à une émission de téléréalité. L’intimité qu’il livre, bien involontairement, n’est jamais jouée et, si on l’utilise pour vendre, lui ne se vend pas.
De manière moins transparente, le nom de famille du protagoniste, Burbank, fait référence au mensonge qu’est son existence. En effet, la petite ville de Burbank, en Californie, a mené durant la seconde guerre mondiale une double-vie. Base aérienne d’importance stratégique, elle a été camouflée en paisible banlieue, avec le concours de scénaristes, de paysagistes et de techniciens d’Hollywood. Vue du ciel, elle affichait le ballet d’innocents civils se rendant à leur travail ou entretenant champs et pelouses alors que, dissimulées sous des bâches, en coulisses, les usines d’avions continuaient à produire les chasseurs P-38 destinés à mener la vie dure aux Japonais.
Ainsi, alors que Christof avance la spontanéité de Truman comme le cœur de son émission, celle-ci est depuis toujours en butte à des manipulations constantes, le réalisateur s’efforçant de façonner la personnalité et les aspirations de celui qu’il regarde comme sa créature afin que la vie de cette dernière se confonde avec le scénario qu’il écrit.
Qu’arrivera-t-il lorsque Truman commencera à remettre en question la mécanique bien huilée de son existence ? Et au-delà du destin du protagoniste, que nous arrivera-t-il à nous, spectateurs, curieux, voyeurs ? Qu’éprouvons-nous pour ceux que nous regardons ? Sympathie ? Envie ? Agacement ? Indifférence bonhomme ? et surtout… pourquoi les regardons-nous ?