Bon je préviens tout de suite, ce film est une dinguerie, c'est incroyable, je suis resté bouche bée, j'ai pas arrêté de me répéter que c'était trop bien. Premier film que je vois avec Jim Carrey en rôle principal (je l'ai déjà vu dans Kick Ass 2 et Sonic...lol) et si le reste de sa filmographie est aussi folle que ce Truman Show, il va pas attendre longtemps avant d'atterrir dans mon top 10 acteurs. Chose rare, j'ai pris des notes durant le film parce que je savais que j'allais faire une critique (faut bien occuper le temps pendant le confinement --oui cette phrase ne sera plus d'actualité en 2021) et elles sont bien fournies, ce qui veut dire que déjà, y'a des choses à dire sur ce film et ça c'est bon signe.
Bref, le Truman Show, c'est quoi ? C'est dit dès le début et c'est dans le synopsis, c'est une émission de télé-réalité qui met en scène la vie contrôlée d'un homme qui n'a pas connaissance de ce qu'on lui fait. C'est un sujet qui est encore d'actualité, la télé réalité, elle envahit les chaînes de télévision, fait beaucoup d'audience et a des fans. Premièrement, ça signifie que ce film de 1998 est visionnaire et deuxièmement, on se dit que la télévision est prête à faire n'importe quoi pour attirer les téléspectateurs et faire de l'argent (avec la pub, les produits dérivés...). Oh attends, des produits dérivés sur la vie d'un homme, l'homme n'est qu'on objet de la société qui ne sert qu'à faire de l'argent...c'était pas sur mes notes ça...MAIS QUEL FILM NOM DE DIEU !!! On découvre des messages même 12 heures après le visionnage. Donc là en quelques minutes de présentation, tu te poses déjà plein de questions sur notre manière de consommer, sur la société, je ne veux pas trop m'avancer mais c'est synonyme des grands films ça. En cours de français, on étudie un livre, Acide Sulfurique d'Amélie Nothomb, et c'est exactement le même principe, une télé-réalité basée sur quelque chose d'horrible (bon ça l'est nettement plus pour l'un que pour l'autre), ce que je veux dire c'est que l'étude de ce phénomène est bien présent, qu'est-ce qui fait que les gens aiment la télé-réalité, dans une oeuvre comme dans l'autre, c'est probablement le fait que les spectateurs s'attachent plus facilement à des personnes réelles. Bref là vous me direz quel est le rapport avec le film au final ? Les spectateurs et leur passivité face aux événements sont remis en cause, dans le livre, l'auteure le dit clairement, dans le film on ne voit pas beaucoup les télé-spectateurs et chaque apparition est caricaturale. J'vous le dis, ce film fait réfléchir.
Parlons un peu réalisation avant de partir dans l'analyse des réflexions (je dis ça en mode je sais faire mdr). Tout d'abord, le titre et le nom du personnage principal, c'est un jeu de mot simple mais tellement efficace, Truman=True Man, qu'on peut traduire par l'homme vrai, ce qui traduit la télé-réalité mais on peut même se dire que ça signifie l'homme en quête de vérité, comme le personnage. Non mais, même le titre a été pensé pour nous faire réfléchir. Maintenant, on va parler du côté oppressant que les caméras ont: ça passe par la phrase d'accroche de l'affiche "Et vous, qui vous regarde ?", ça fait un peu film d'horreur et le réalisateur choisit plusieurs fois des angles de caméra cachée (oui, le film est visionnaire, je vous le dis encore une fois) et plusieurs fois, j'ai eu l'impression d'un plan subjectif, mais la subjectivité de qui ? Oui, d'une caméra. La vue subjective est aussi utilisée sur Truman, je pense que c'est tout simplement un procédé pour se sentir plus proche de lui. La scène où Truman commence à se rendre compte de la supercherie est extrêmement angoissante, aucun dialogue, tout passe par les bruitages, la musique et le jeu d'acteur de Jim Carrey, ce qui englobe le tout d'une ambiance...pesante oui. On arrête pour la réalisation et on continue sur l'ambiance du film. Au début, on a une fausse ambiance feel good, c'est-à-dire que tout le monde sourit, la musique est enjouée mais le décalage se crée quand on se rend compte qu'en vérité, c'est une prison cette île de Seahaven. Et tout ce qui suit le début du doute est remplie de suspense et même de tension: la scène avec sa femme et les couteaux, qui ressemblent à une scène de film d'horreur.
Le film est porté par Jim Carrey et wouah, moi qui n'ai jamais eu l'occasion de le voir briller (non parce que ses rôles dans Kick Ass 2 et Sonic, excusez moi mais dans l'un, on peut à peine parler de rôle et dans l'autre, la qualité du film nuit à notre intérêt pour son interprétation), dans ce film il crève l'écran, littéralement lol. Il nous sert une interprétation de folie, tout d'abord grâce à ce qui a fait sa renommée, ses faciès, qui peuvent paraître exagérés mais il les fait tellement bien que ça renforce juste les émotions. Puis, comme c'est dit au début, son jeu est naturel, tous ses gestes, sa manière de parler, tout fait naturel, d'où la non-mention de son nom au début et le fait que le président dise que tout est naturel, bref Jim Carrey était taillé pour ce rôle qu'il incarne à merveille. Puis on y voit un rapport avec sa carrière, au début j'ai dit que le film était un peu feel-good, on fait là le rapprochement avec ses nombreuses comédies surtout que son personnage ne cesse de sourire puis le film devient sérieux et penche vers le "drame", Jim Carrey enchaîna alors The Truman Show et Man on the Moon. Donc oui, Jim Carrey est né pour ce film, c'est l'acteur parfait pour le rôle de Truman. Les autres acteurs sont bons hein, y'a pas de souci, mais ils autant de temps à l'écran que Carrey dans Kick Ass 2 donc c'est compliqué de donner un avis, ou en tout cas, plus qu'un "ils sont bons" ou "ils sont mauvais".
Pour finir cette critique, je vais maintenant aborder les nombreux messages/pistes de réflexion/tout ce qui touche au fond du film...enfin je vais essayer parce que ce n'est pas un exercice facile. "Fini d'être une photocopie, finies la monotonie, la lobotomie" disait Orelsan avant de commettre l'irréparable, phrase qui correspond parfaitement à la partie présentation et ce qui va suivre dans le film. Le film nous présente la routine d'une personne (Truman pour ceux qui lisent la critique à 2 heure du matin), il nous décrit une vie robotisée, la vie schématisée d'une personne, où tout est contrôlé, où tout doit être parfait (voir la scène des retrouvailles). Le film fait passer ça pour une télé-réalité, sauf que nous, grandement intéressés par le 7ème Art, on y voit facilement un reflet de notre société. C'est ce que dénonçait Ionesco en 1962 (oui j'fais genre j'ai de la culture mais j'écris ces mots avec la fiche de cours sur les genoux), l'Homme qui devient une machine et c'est ce que dénonce aussi ce film, 24 ans plus tard, en y ajoutant quelque chose: un simple petit événement non contrôlé et c'est la panique...vous vous souvenez du mot "visionnaire", encore une on est en plein dedans, c'est ce qu'on voit aujourd'hui avec le virus (pour ceux qui lisent ça en 2035, je parle du Coronavirus/Covid-19). Et parce que le cinéaste aime enfoncer les portes, il fait passer Seahaven pour un "monde" utopique en nous disant clairement qu'on vit dans un monde de merde. Puis il continue sur le fait de s'échapper du monde réel en utilisant la télé-réalité (les ados de 12 ans qui voient [insérer prénom de star de la télé-réalité] dans une villa qui a 2 Ferrari dans son garage et qui pécho 5 mecs à la seconde, ça les fait rêver) tout en conservant son idée que la réalité est dure. Via le personnage d'Ed Harris, on voit les hommes de pouvoir prêt à tout pour l'argent, on revient à l'idée évoquée dans le premier paragraphe. Oui, en voyant ce personnage de Truman se débattre pour connaître la vérité, on se pose plein de questions sur notre existence, sur notre place dans la société, sur comment on se comporte, on réfléchit.
Je ne parlerai pas du scénario car c'est mieux d'avoir de garder la surprise et sa force réside beaucoup dans tout ce qui a été cité plus haut, sachez néanmoins que le final est très fort et nous met le sourire. Je ferai de même pour le développement de personnage, sachez juste qu'on s'attache rapidement à Truman, qu'on s'inquiète pour lui, qu'on a envie qu'il réussisse. Chose à savoir, la musique est très bonne et aide beaucoup à l'ambiance du film et aux émotions (vous le direz, c'est fait pour ça, et vous avez raison).
En conclusion, commencer la filmographie d'un acteur avec The Truman Show est un excellent choix, même si ça place la barre très haute. C'est un film qui fait réfléchir même 20 ans après, porté par un excellent Jim Carrey et mis en scène par un réalisateur talentueux. Bref, ceux qui ne l'ont pas encore vu, foncez. Ma première phrase à la fin du film fut: "Ça c'est du cinéma !" 9/10