Chinatown, suite. Avec Jack Nicholson toujours dans le rôle du détective privé Jake Gittes, mais sans Polanski à la mise en scène, interdit de séjour aux États-Unis 15 ans plus tard : c'est Jack qui s'y colle cette fois-ci, aidé du même scénariste Robert Towne et avec Vilmos Zsigmond à la photographie, valeur sûre si l'en est. Et pourtant, malgré tout ce beau monde — sans parler de Harvey Keitel, Meg Tilly, Madeleine Stowe, Eli Wallach, Richard Farnsworth et même Tom Waits dans un rôle non crédité — "The Two Jakes" peine à s'élever au-delà de la simple suite sans saveur, le Los Angeles de 1948 ici recréé n'ayant pas le charme de celui des années 30 du film original.
L'intrigue est lourde, avec un promoteur immobilier sollicitant le privé pour une histoire d'adultère qui se transformera en meurtre, et la question sous-jacente (y avait-il préméditation ou non dans ce manège ?) irriguera mollement tout le scénario. Les ficelles sont grosses dans cette histoire, car l'homme avec qui sa femme le trompait n'était rien d'autre que son associé, et que derrière ce qui ressemble à un complot se dissimulait une grosse somme d'argent dont l'accusé pourra hériter. Le trait est pour le moins épais, et les pérégrinations de Nicholson n'ont plus le sel de jadis, coincé entre les avocats, la veuve, la mafia, et la police.
On ne comprendra jamais vraiment le niveau d'implication de la femme et de la veuve, et sans doute que ce mystère-là fait partie de l'intérêt du film — si tant est que j'ai bien tout compris, car par moments on se croirait dans un rayon de "The Big Sleep" en termes de complexité, même si les choses sont bien plus balisées ici. Le réseau des antagonismes peine à passionner, les disputes autour d'un terrain censément bourré de pétrole (l'occasion pour Keitel de donner lieu à une dernière scène explosive un peu excessive) sont prévisibles, et les histoires de coucheries un peu trop caricaturales dans l'hommage aux sous-entendus du film noir. Noir dont Nicholson reprendra la voix off désabusée et envahissante ici.