Fort du succès commercial de Batman, Nicholson a les cartes en main pour remettre sur pieds des projets qui lui tiennent à coeur. Et voilà qu'il rempile dans un de ses plus beaux rôles, en plus de passer derrière la caméra, pour cette suite de Chinatown.


Une suite de Chinatown, ce qui implique de passer après un monument du 7ème Art, un chef-d'oeuvre du Film Noir, un des plus beaux films d'un Maître de la mise en scène. Jack Nicholson n'est pas à sa première réalisation, il est loin d'être novice dans le monde du cinéma et semble plutôt bien entouré, puisque Vilmos Zsigmond reprend l'image, Robert Towne signe le scénario, et Robert Evans s'occupe de la production. Tout semble en place pour offrir à Chinatown une suite digne de ce nom.


Malheureusement, un Nom, il en manque un bien particulier, celui de Roman Polanski. Et cette absence manque cruellement au film. Nicholson semble peiner à diriger quelques uns de ses acteurs, si Harvey Keitel joue d'une certaine retenue malgré son accent de Brooklyn à couper au couteau, c'est Madeleine Stowe qui pose problème au réalisateur, puisqu'elle sombre plus d'une fois dans la surenchère comique du personnage de la veuve hystérique. Rien de dramatique mais le manque de tension est palpable dans le récit tant les personnages semblent largués dans le fil conducteur complexe de l'histoire.


Car Robert Towne nous a, à nouveau, concocté un scénario bien alambiqué, même si un brin moins malsain qu'en 1974. Et tous les efforts techniques de Nicholson et Zsigmond ne parviennent pas à éradiquer ce fléau qu'est la confusion omniprésente du scénario. Force est de constater que le réalisateur et son chef-opérateur semblent se démener pour offrir à The Two Jakes un véritable caché visuel, par des cadres ambitieux et une photographie à nouveau léchée, mais au bout du compte, cette prouesse fait office de cache-misère tant le récit pédale dans la semoule. Jake Gittes piétine dans l'intrigue, mais son réalisateur encore plus.


On évitera de blâmer le seul réalisateur, puisque le scénario de Towne, bien que travaillé, est loin de la perfection. Sa complexité n'a rien de grandiose. Ici, on brouille les pistes afin de perdre des spectateurs que l'on ne retrouve jamais. On regrettera simplement que ce déluge de talent technique soit aussi vain.


The Two Jakes ne fait pas honte à son aîné, c'est simplement une suite anodine qui pâtît énormément du manque de subtilité de son réalisateur. On aimerait voir une version de Polanski, une version où tout est maîtrisé, justifié, calculé au millimètre prêt, une version où rien ne dépasse, mais ce fantasme prouve bien que The Two Jakes n'est qu'une pâle variation sans génie du film original.

ArthurMonkeyman
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le 16 mars 2015

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