Gestion de carrière

The Unjust où Le petit manuel du carriériste peu scrupuleux est un film Coréen bien loin des grandes réussites du pays du matin calme.
Dans ce polar, on suit principalement Jung-Min Hwang (A bittersweet life, A man who was superman) dans la peau d'un policier émérite, à la tête d'une équipe en mal de reconnaissance, et Ryoo Seung-bum, frère du réalisateur, en procureur un brun nerveux et à l'attitude outrancière. Les deux hommes se retrouvent liés par une affaire de tueur en série qui fait bien trop de bruits pour la police. A la manière du superbe Memories of Murder, la pression va pousser les forces de l'ordre à fabriquer un coupable idéal. C'est le point de départ de ce jeu d'intimidation qui va se jouer de part et d'autre de la fine ligne de la légalité. Lestés de leur fardeau respectif, ils vont devoir petit à petit mener à bien leurs objectifs tout en prenant soin de laisser une partie de leurs agissements dans l'ombre.

Si sur le papier, le film de Ryoo Seung-wan est alléchant, il manque malheureusement de liant et clairement d'une patte. Après un démarrage en trombe, on tombe très vite dans une mise en scène épurée ou le récit se contente d'enchaîner les scènes de parlotte entre les différents acteurs. On retrouve un peu le même formatage que le film The Beast, les images glauques et l'action en moins, où l'opposition entre les deux personnages au centre de l'intrigue est enrobée d'informations qui rajoutent une complexité à la nécessité relative. Et d'un fait à un autre, le scénario oublie d'épaissir ses personnages, de les rendre véritablement humains pour qu'on s'y attache. Lorsqu'on sort de leur ambition pure et simple, c'est uniquement pour continuer à donner des informations nécessaires à l'avancée de cette enquête fabriquée et finalement, alors qu'ils sont de quasiment tous les plans, on se sent très peu affecté par leur sort.
Dommage car, derrière cette longue guerre des nerfs qui ne réussit jamais à nous secouer, le twist final est une vraie réussite et il vient malicieusement remettre en perspective ces deux heures en demi-teinte.
Loin d'être mémorable sans être raté, The Unjust se regarde et s'oublie aussi vite. On lui préférera largement l'urgence d'un The Chaser ou le classicisme brutal d'un A bittersweet life.