Pas trop mal dans son genre si l'on passe outre (mais alors vraiment outre) la qualité de doublage de la VF (Sangdieu pourquoi, mais pourquoi ai-je été OBLIGEE de le regarder dans cette version ? il est doublé comme le serait une vieille série pourrie sur M6... d'ailleurs l'acteur principal est Damon Wayans, acteur jouant le père dans Ma Famille d'Abord, mais ça ne justifie rien ni ne peut y faire référence parce que la série date d'après le film.).
Le film est une énorme critique du racisme (Spike Lee quoi), une accusation de sa banalisation, voire de son succès médiatique aux USA. Pour mettre tout ça en scène, il choisi de mettre un black à la tête d'une série télévisée qui reconstitue les Minstrell Show. Aïe. Ce qui était supposé être une satyre devient, à cause du grand patron, un véritable copier-coller de ces spectacles racistes, à la différence que ces "noirs" là, sont joués par de véritables noirs, qui malgré tout se peignent le visage au charbon, par tradition.
Petit carré "histoire" : on dit des claquettes, danse proclamée "des USA" qu'elles trouvent leurs origines dans les danses des esclaves qui, parqués dans de toutes petites pièces, étaient obligés, pour danser sans se marcher dessus, de se mouvoir sur place. Ces "danses d'esclaves" auraient été ensuite croisées avec des mouvements de la Jig irlandaise, ce qui auraient donné les claquettes telles que nous les connaissons aujourd'hui. Les origines "afro" de ce qui est proclamé "authentiquement américain" sont longtemps restée taboues : "notre danse et notre musique nous viennent des esclaves africains, mais il ne faut pas le dire !" Pire ! Il faut même faire se retourner cette culture contre ses créateurs... De là naissent les spectacles populaires les plus drôles de Broadway (ahahah, qu'est-ce qu'on se marre) : Les Minstrell Show.
Ah les débuts de la comédie musicale scénique ! Ah que la comédie musicale au cinéma a pu profiter de ces succès ! Chefs d’œuvres... qui mettent merveilleusement en scène des acteurs blancs dont le visage est recouvert de noir et les lèvres grossies, rougies à l'excès. Les scénarios de ces Show sont entièrement faits pour "rire des noirs", ils les ridiculisent, les surjouent comme des clowns : stupides, maladroits, plus clichés que jamais.
Si de véritables acteurs noirs sont par la suite apparus dans les comédies musicales du cinéma, il a fallu très longtemps avant que ces "véritables noirs" soient autorisés à jouer dans la même scène qu'un acteur blanc. Avant cela, un blanc face à un noir impliquait forcément que ce noir soit joué par un blanc au visage noirci.
Sachant tout cela, The Very Black Show, se pose, au delà de son sujet, comme une montagne de références à cette époque pas si lointaine.
Tous les protagonistes sont afro-américains, incluant le personnage danseur de claquettes. Et ce sont eux, qui vont penser et mettre en scène un Minstrell Show dans tout ce qu'il y a de plus traditionnel, se plaçant alors dans une position contradictoire : ne sont-ils pas en train de s'auto-insulter ?
Le personnage danseur (le seul, à l'exception des danseurs d'arrière plan nécessaires à l'idée de chorégraphie) dit dès le départ que tant qu'il danse et qu'il est payé, tout lui va. Son insistance, abandonnée trop tard, va pourtant lui coûter la vie, et il mourra en dansant.
Tout ça donne un sentiment très nauséeux au visionnage du film. Huuugh !