Fâce à une époque de mockbusters, de nanars à gros budgets et voulus mauvais dès le départ, il est rafraichissant de tomber sur une vraie bonne grosse daube. La daube dans laquelle chaque participant a investi un peu de soi-même dans l'espoir de pouvoir faire rebondir une carrière moribonde et en demi-teinte. Rien n'est plus touchant, affligeant, méchamment risible qu'un bon gros vieux ratage des familles. Et c'est là que nous en arrivons à Michael Biehn.
Déjà, force est de constater que la vie est une péripathéticienne aux tarifs bien excentriques. Il suffit de voir la trogne de jeune premier issue de Terminator, aujourd'hui ravagée, lasse, fatiguée à force d'y croire et qui place ses derniers pions sur l'échiquier. Il n'y a sans doute plus que Rodriguez ou Tarantino pour envisager d'intégrer le débris que voici dans le casting d'un film au budget confortable.
Mais ni Michael, ni les 80's ne sont fini. Oh ça non! Et il va nous concocter son retour explosif, son "Citizen Kane". Mesdames et messieurs, voici: "The Victim".
"The Victim" ne parle non pas de la carrière en chute libre de Danielle Harris même si le titre reste adéquat. Il parle plutôt d'un homme fatigué par l'humanité. Un homme qui devient misanthrope après avoir été accusé d'homicide involontaire et emprisonné durant.... une journée!
Il décide donc de se prendre une petite cabane dans les bois, à l'abris des hommes, car pour vivre heureux il faut vivre caché.
Non loin de sa cabane, deux strip-teaseuses retrouvent deux représentants des forces de l'ordre pour une partie de jambes en l'air champêtre. Malheureusement l'une d'entre elles, incarnée par la Danielle Harris suce-nommée et culbutée de manière très passable aura le malheur de demander à son partenaire si il compte venir un jour ou si il compte rester dans son trou en Amazonie - à comprendre un lieu chaud et humide, très propice aux maladies - (tu la vois sa carrière en train de chialer quelque part, dans un coin?). Cette réflexion se verra récompensée par un coup du lapin. Une manière comme une autre d'atteindre le 7è ciel. La deuxième amie - qui se prétend témoin mais se contente seulement d'imaginer ce qui s'est passé - s'enfuit et trouve refuge chez notre misanthrope.
Qu'est-ce que "The Victim"? Une réflexion sur notre humanité perdue, le bois où toutes les pulsions trouvent une réalisation devenant une métaphore de notre inconscient? Pas du tout !!!
C'est une abomination. L'image est moche, les cadres sont mauvais. Les dialogues sont risibles quand ils ne sont pas ridicules, même si on sent que Michael Biehn nous envoie ses tripes en plein visage et essaie de nous faire parvenir un message humaniste, mais vraiment niveau philosophie je crois qu'il vaudra mieux se contenter de BHL. Non, Noël Godin plutôt !!! (Ouf, ma recommandation était quand même à deux doigts du crime contre l'humanité).
Le jeu des acteurs est très mauvais. Fermez les yeux, revisualisez les prestations de "The Room" de Wiseau ou encore "Le jour et la nuit" de BHL et vous serez à peu près dans les mêmes contrées inconnues.
Les situations sont constamment dans l'illogique la plus pure: être sur les lieux du crime, les deux responsables étant sans doute dans le coin, et se mettre à gueuler sans se soucier d'attirer leur attention ou non. Ou encore être poursuivie dans les bois par deux criminels, trouver un mec avec un pick-up, et refuser qu'il t'emmène en ville... Ce genre de conneries.
Non vraiment, "The Victim" est un nanar honnête, (si on excepte l'affiche car comme me l'a fait remarquer el-thedeath, Michael Biehn n'y tient jamais une hache. Sans compter que les filles sont bien plus sexys sur l'affiche). Il se rétame complètement mais sans jamais faire de gros clins d'oeil ou de coup de coude au spectateur en te gueulant au visage "Hey je suis nul, mais c'est drôle hein? Hein? HEIN???"
"The Victim" est un effort surhumain de la part de Michael Biehn (acteur, auteur, réalisateur et co-producteur du film), Danielle Harris et Jennifer Blanc (actrice et co-productrice et compagne du réalisateur) pour vous convaincre que leur carrière ne pourra jamais être aussi mauvaise qu'en ce moment et qu'il est tant de soit les aider, soit les piquer.
PS: Sinon on se marre bien quand même.