The Vigil, réalisé par Keith Thomas, s'inscrit dans le registre du film d'horreur en apportant une touche de fraîcheur à travers un cadre rarement exploré dans le cinéma grand public : celui de la tradition juive orthodoxe. L'intrigue repose sur une nuit de veillée funèbre (le "vigil" du titre) dans le quartier de Brooklyn, où un homme, Yakov, récemment sorti de cette communauté, est recruté pour surveiller le corps d’un défunt, conformément aux rites.
Ce qui frappe dans ce film, c’est sa capacité à fusionner les éléments du cinéma de genre avec des thèmes spirituels et culturels bien ancrés dans la tradition juive. Le concept de la veillée funèbre, où un gardien doit veiller sur le corps pour protéger l’âme des forces maléfiques, est utilisé ici non seulement comme un ressort horrifique, mais aussi comme une réflexion sur le deuil, la culpabilité et le traumatisme.
Yakov, incarné par Dave Davis, est un personnage complexe, marqué par une tragédie personnelle et une rupture avec sa foi. Il est vulnérable et hésitant, ce qui rend son parcours d’autant plus captivant. Thomas réussit à construire une tension subtile, jouant sur la claustrophobie de l’espace, les jeux d'ombre et de lumière, et des apparitions qui, au-delà des jump scares, suggèrent une terreur plus psychologique. L’atmosphère est pesante, soutenue par une bande-son discrète mais efficace, et le film n'a pas recours à une surenchère d'effets spéciaux, ce qui renforce le sentiment d’intimité et de malaise.
L’un des aspects les plus intéressants du film est la manière dont il traite la notion de possession. Contrairement à d’autres films d’horreur, The Vigil s’éloigne des clichés chrétiens de l’exorcisme pour s’immerger dans des croyances et superstitions juives, notamment autour du "Mazzik", un démon. Le film interroge la nature de cette force maléfique : est-elle réelle ou simplement le produit de la psyché torturée de Yakov ? Cette ambiguïté est l’un des points forts du film, ajoutant une profondeur supplémentaire à l’histoire.
En conclusion, The Vigil n’est pas simplement un film d’horreur avec des frissons. C’est une œuvre qui mélange efficacement la tradition et le genre, en explorant les thèmes universels de la foi, du trauma et du deuil à travers une lentille culturelle unique. C’est un film qui se démarque par son approche subtile et intelligente du surnaturel, tout en offrant une expérience émotionnelle intense.