Ceux qui se laisseront emporter par ce trip sous acide ne seront pas déçus du voyage.
Annoncé comme un croisement entre un film Grindhouse à la Quentin Tarantino/Robert Rodriguez et un trip psychédélique à la David Lynch, The Violent Kind avait de quoi émoustiller les papilles d'un public aimant les surprises et les expériences anti-manichéennes d'autant plus que la jaquette s'avère être l'une des plus belles du moment, promettant une sauvagerie pleinement maîtrisée et assumée à 200%. Cependant, pour les flairs les plus affutés, une telle promesse sent bon l'arnaque. Alors ? Escroquerie ou trip psychédélique jouissif ? Un peu des deux en réalité.
Film érigé par des frangins barges œuvrant sous le doux pseudonyme de Butcher Brothers, The Violent Kind est typiquement le genre de métrage indépendant ressemblant plus à un clip punk rock des années 70 qu'à un véritable film maîtrisé de toute part. Du coup, certains pourront trouver The Violent Kind grotesque, injustifié mais ceux qui se laisseront emporter par ce trip sous acide ne seront pas déçus du voyage.
En réalité, il y a trois parties bien distinctes et diamétralement opposées dans ce film des Butcher Brothers. Bikers et tout ce qui va avec, fantastique et torture-porn ou si préférez sympa, ennuyeuse et jouissive. Il y a un tel décalage entre ces trois parties que c'est à se demander si trois réalisateurs ne s'y sont pas mis chacun de leur côté pour les imbriquer entre elles au montage. La première partie sert d'apéritif, la seconde n'a ni queue ni tête avec ce côté fantastique à tendance horrifique totalement mal venue et une conclusion semblant sortir de l'imagination d'un être issu de l'accouplement improbable entre David Lynch, Richard Kelly (Donnie Darko, Southland Tales) et l'auteur anonyme du Livre Sans Nom (au passage je le recommande vivement à tous les amoureux d'ambiance mature et dévergondée).
Entre les trois, une mise en scène presque parfaite sert de médiatrice et ferait presque oublier un scénario aussi excentrique que grotesque. La luminosité témoigne d'une grande maîtrise artistique, l'ambiance garde cet aspect irréel durant la totalité du métrage, les acteurs (pas tous) ont une vraie présence et que dire de cette bande originale assurément rock nous entrainant dans la barbarie de l'Homme au rythme de riffs endiablés ? Simplement succulent.
En bref, pas aussi prometteur qu'on nous l'avait promis, The Violent Kind n'en reste pas moins un direct-to-dvd de grande qualité malgré deux ou trois fioritures vite oubliées, chose tellement rare qu'il convient de le souligner quand cela arrive. Un très bon divertissement.