Si je devais le résumer un peu grossièrement, je dirai que The Violent Kind est le résultat un poil fauché d’un accouplement entre le Twin Peaks de David Lynch et La Maison des 1000 Morts de Rob Zombie. Un truc biscornu et bizarre, qui n’entre dans aucune case et qui défonce les conventions de cinéma à grands coups de tatanes cloutées dans la tronche. Un bébé turbulent, en somme.
The Violent Kind fait partie de ces films récents qui mélangent allègrement différents genres et références pour un résultat plus ou moins hasardeux. Heureusement pour Mitchell Altieri et Phil Flores, les deux réalisateurs pas frères du tout (quand à leur allégeance bouchère, je vous laisse le soin de la vérifier en regardant le film), leur petit rejeton se porte très bien, merci de le demander.
Certes, en comparaison d’autres films d’horreur sortis cette année, celui-ci peut faire pâle figure : les acteurs sont inégaux et les limites du budget se font sentir très rapidement, surtout lors des passages "ambitieux". Des carences techniques largement transcendées par une énergie débordante, des cojones énormes et un jusqu’au boutisme qui fait bien plaisir. Car The Violent Kind est une ode complètement foutraque au métissage cinématographique et au mélange de genres.
Ainsi *SPOILER ALERT* le film peut être divisé en trois actes, trois parties aux tonalités radicalement différentes : on commence avec des bikers qui se biturent façon Sons of Anarchy, puis on enchaîne sur une possession à la [rec], avant de conclure sur une relecture de Rosemary’s Baby mâtinée d’êtres d’outre-espace/temps. Le tout avec des personnages aux looks hétérogènes (un gangster façon fifties, un "blouson noir", un mec des années 90 avec son baladeur-K7…), incarnant à merveille ce mélange des genres. *SPOILER ALERT END*
Que dire de plus sinon de vous exhorter à regarder le film sans aucune connaissance préalable : ne visionnez pas la bande-annonce (remplie de spoilers), ne lisez pas le résumé au dos de la jaquette (complètement hors de propos), ne lisez pas le paragraphe précédent (les balises "spoiler", c’est pas pour les chiens), posez simplement vos fesses dans le canapé et découvrez.
C’est là l’un des plaisirs du film : une découverte sans cesse renouvelée. A chaque scène, à chaque retournement de situation, impossible de prédire vers quoi le film va nous entraîner, dans quel genre il va basculer. Et ça, dans notre époque où l’annonce la date de sortie d’une bande-annonce passe par un trailer qui est lui-même annoncé par une image (sic), c’est extrêmement rare et ça fait un bien fou. Aussi, il n’est pas si dommage que The Violent Kind ne sorte qu’en DVD (malgré tout le mal que je pense de cette mode du DTV) : le peu d’exposition rend la découverte que plus appréciable et puissante.
Attention toutefois, le film n’a pas l’exigence intellectuelle ou formelle de ses influences : ne vous attendez pas à un labyrinthe psychologique à la INLAND EMPIRE ou au formalisme chiadé des films de Rob Zombie. TVK est un petit film d’horreur à petit budget mais réalisé avec l’énergie nécessaire pour faire oublier ses tares techniques, pour peu qu’on se laisse happer par le voyage. Mention spéciale à deux membres du "Violent Kind" (que l’on pourrait traduire par "d’un genre violent" ou à l’inverse "les doux violents") : Joe Egender est royal dans le rôle du leader halluciné (au milieu sur l’image) et Joseph McKelheer très drôle en sosie dépressif du Vincent Vega de Pulp Fiction (à la gauche d’Egender).
Enfin, une fois n’est pas coutume, je voudrais souligner l’excellence du design de la jaquette française, bien plus graphique et suggestive que sa version américaine, qui ressemble plus à un photoshop mal branlé d’un visuel de Sons of Anarchy.
Je vous conseille également la vision du premier film des Butcher Bros., The Hamiltons, qui préfigure beaucoup d’aspects de TVK, malgré un aspect fauché un poil trop flagrant… A réserver aux amateurs éclairés, donc.
Un seul mot pour conclure : découvrez ! (Bordel de merde.)