Film découvert un peu sur le tard en 2020, The Visit se tapait une bonne réputation, et ressortait régulièrement dans les discussions de mon entourage J’ai donc fini par le regarder à une époque où comme tout le monde j’avais abandonné le cinéma de Shyamalalalan (à l'exception évidemment de l’incroyable nanar Phénomènes) et, oh boy, je n’étais pas préparé à ce spectacle.
Le premier choc esthétique est immédiat, ce bon vieux Night ayant fait le pari du found footage mais sans jamais en respecter les codes. Alors vous allez me dire, toutes les lois sont faites pour être transgressées et cette bonne vieille poire ne s’y est pas trompé.
The Visit est cadré et éclairé comme un film classique. Les caméras et appareils photos utilisés par les deux chiards sont à priori si performants qu’ils transforment une image DV en full HD avec une prise de son impeccable même lorsqu’une personne chuchote au loin (séquence du puits), balèzes les gosses.Mais si ça s’arrêtait là. Le pire est évidemment à venir, à savoir la structure de son récit, et surtout, son manque total de gestion de rupture de tons.
Au début on se farcit une exposition hyper laborieuse et on ne peut plus gênante où la mère explique face caméra qu’elle a perdu le contact avec ses parents mais que ce serait quand même pas mal que ses deux cons de gosses les voient au moins une fois. Ils partent donc en train rejoindre les vieux sans même savoir à quoi ils ressemblent et évidemment sans même que la daronne les ai contactés, comme c’est pratique (elle les conduit même à la gare la futée).
Ça fait littéralement quatre minutes que le film a commencé et j’ai déjà envie de tout brûler.
Dans le train les gamins rencontrent un contrôleur trop sympa qui va faire du beat box pendant que l’horrible gosse se met à raper. Du rap (!)
Parce que oui, à intervalles réguliers on va se coltiner des morceaux de rap épouvantablement gênants droppés par cette horreur de comédien (qui a casté cet enfant des enfers ?) et écrits par Night lui-même en voulant rendre hommage à Biggie Small (?)(cf interview avé Bloom).
Nous sommes à six minutes de film.
Les grands-parents les attendent à la gare et les emmènent à la maison, on pense être sortis d’affaire, c’est sans compter sur ce bon Night qui décide de passer à la vitesse supérieure avec des dialogues à se jeter sous un train à base de one direction et, surtout d’un deuxième rap une fois arrivé à la maison de la part de notre ami Tyler.
Neuf minutes de film. La mort guette.
Si vous n’êtes pas au fond de votre siège je ne sais plus quoi faire pour vous. Mais rassurons-nous, Night a dit comédie horrifique alors sait-on jamais.
Les gamins passent des coups de skype à la daronne (en 1080p 60fps, la meuf skype depuis un voilier) bien évidemment toujours hors de vue des vieux grâce à l’écriture habile du scénariste.
Vont s’ensuivre des moments hilarants se voulant horrifiques à base de vieux qui rampent sous la baraque (en pleine forme la vieille), qui chient dans leur froc et balancent ça dans la cabane à merde du jardin, de vieille qui court à poil la nuit et qui fait des jump scare gratos ou en griffant carrément les murs comme un ours (!) (le vieux dit que c’est parce qu’elle a le syndrome du crépuscule (!)(?) et un déséquilibre mental) tout ça impeccablement cadré, éclairé et monté par nos compères avec leurs multiples caméras magiques. D’ailleurs nos deux amis ne sont pas en reste lorsqu’il s’agit des dialogues. Chez Shya, l’horreur c’est le quotidien.
- J’ai décidé d’utiliser des noms de chanteuses pop au lieu de jurer à partir de maintenant lance le jeune Tyler.
- Pourquoi ? se demande Rebecca.
- Je pense que ça sonnerait mieux. Par exemple, en cognant mon orteil je pourrais dire "ah Shakira” s’exclame Tyler, plein de confiance.
Night a plié le game.
Evidemment tout ce bazar va se résoudre par un des twists les plus nuls depuis un bail
Roulement de tambours (spoilers)
Les vieux sont des fous échappés de l’asile qui ont foutu à la benne les vrais grands-parents. Eh oui, si vous pensiez avoir touché le fond, sachez que Nighty Night a sa manière bien à lui de traiter l’horreur en utilisant la maladie mentale comme un ressort narratif. Un peu limite. Mais le pire c’est que cette “idée” est à peine utilisée, les vieux ne se révélant réellement dérangés que durant le dernier tiers pour des séquences horrifiques à mourir de rire toute pourries à base de cache cache entre la vieille et la gamine.
À vrai dire ce sont plutôt des mastermind les abuelitos, car le reste du temps, en plus d’être à priori d’excellents comédiens ils ont réussi à bien berner leurs cons de petits enfants en plus des autres habitants qui ne devaient surement pas connaitre le vrai visage des OG’s non-plus. Pratique.
Bref, après 14 coups de fils la daronne finit par capter qu’y a une couille dans le potage, à savoir que c’est pas les bons ieuv, alors elle débarque avec les keufs en mode deus ex à la fin en ayant bien laissé pile le temps au climax de se dérouler (et boy, what a climax).
Dernière interview de la mère en mode musique lourdingue pour faire pleurer, début du générique, on pense être sauvés, mais tapis dans l’ombre, Nigh guette. Et dans un dernier élan de génie il nous termine avec un morceau de rap final servi une énième fois par cet enfant ayant achevé sa transformation finale d’endive laissant le spectateur sans vie, mort de honte et d’incrédulité après le spectacle auquel il vient d’assister.
(Ah oui à un moment y a un subplot tout pourri de la voisine qui déboule avec son plat et qui n’aura aucune incidence sur le récit, si ce n’est semer un semi doute chez les gosses, grosse tension dont on ne reparlera jamais).
Honteux, incohérent, catastrophe d’écriture et de mise en scène, la réputation de ce film est une énigme totale. Pire, les gens avec qui j’en parle ne se rappellent même pas pourquoi ils ont vraiment aimé, si ce n’est un souvenir flou contextuel sur deux ou trois éléments horrifiques. Eh bien mes amis, je vous invite à y jeter à nouveau un petit coup d'œil.
Au moins on rigole bien au moment où le vieux dégome la tronche du chiard avec sa couche remplie de merde.